Annales des Mines (1861, série 5, volume 20) [Image 162]

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DE L'EXPLOITATION DES NI [NES.

PROGRÈS RÉCENTS

prévision de beaucoup d'ingénieurs expérimentés, malgré les premiers échecs du système, et cette prévision paraît aujourd'hui devoir se réaliser. Le deuxième cas dont je veux parler ici est celui on l'on rencontre en profondeur et sur une assez grande épaisseur des terrains à la fois très-aguléres et très-coulants. Ce cas est le plus difficile qui puisse se présenter. Il exclut absolumem t l'emploi de tout mode de travail dans lequel interviendrait 1:épuise-

ment; car la nature fluide du terrain ferait qu'on l'épuiserait, en quelque sorte, en même temps que l'eau, sans pouvoir faire avancer l'approfondissement, et en déterminant dans le terrain des mouvements désordonnés qui ne permettraient pas l'enfoncement régulier d'un tubage. Il faudra donc travailler sous l'eau, ou, selon l'expression consacrée, à niveau plein, se contentant d'enfoncer des tubes par le haut et de draguer à l'intérieur. Mais l'emploi de ce système est nécessairement limité. La résistance à l'enfoncement croît rapidement avec la longueur du tube; elle augmente encore par le fait même du dragage qui, malgré toutes les précautions, ne peut manquer de déterminer des mouvements dans toute la masse. C'est pour ce cas extrême que M. Guibal, professeur à l'école des mines de Mons, a projeté et appliqué avec succès, quoique non sans avoir à lutter contre des difficultés de détail très-sérieuses, un système tout à fait spécial, dont il me reste à faire connaître le principe. M. Guibal s'est proposé par-dessus tout d'éviter par tous les moyens de mettre en mouvement la masse du terrain coulant;

de n'extraire qu'une niasse de déblais aussi réduite que possible, et enfin d'avoir à enfoncer une colonne mobiie d'une longueur limitée, indépendante de la hauteur du terrain coulant. L'appareil consiste essentiellement en une sorte de bouclier en fonte placé horizontalement au fond du puits et formant la

base d'un anneau mobile qui entoure comme une sorte de fourreau le revêtement fixe du cuvelage, lequel s'allonge de haut en bas par l'addition de cadres placés jointivement les uns au-dessous des autres. C'est sous les pièces du dernier cadre mis en place qu'on prend le point d'appui pour enfoncer dans

le terrain une trousse coupante qui termine par le bas l'anneau mobile. L'effort est produit par le jeu de presses hydrauliques distribuées sur le pourtour du puits et alimentées par

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une pompe foulante placée au jour. Pendant la manoeuvre de l'enfoncement de la trousse coupante le puits est plein d'eau, et il y a ainsi équilibre sur les deux faces du bouclier. On vide le puits lorsque l'enfoncement est suffisant pour qu'on puisse descendre et mettre en place un nouveau cadre du cuvelage. Le centre du bouclier est percé d'une sorte de trou d'homme par lequel on introduit les outils qui servent à diviser au be-

soin et à extraire le terrain, an fur et à mesure que l'enfoncement se poursuit. Le trou d'homme est d'ailleurs surmonté d'une colonne de. tuyaux qui s'élève jusqu'au-dessus du niveau

naturel des eaux ; de sorte que toutes les manuvres se font sans qu'il y ait jamais réduction de la pression de l'eau sous le

bouclier, condition indispensable pour empêcher le terrain de se mettre en mouvement : cette colonne est munie de robinets qui permettent de remplir à volonté la colonne du puits, qu'on vide ensuite à la benne lorsqu'il s'agit de placer un nouveau cadre Tel est le principe de la méthode, dont l'application a été décrite avec détails dans diverses publications, notamment dans le Bulletin de l'industrie minérale de SaintÉtienne et dans la Revue universelle de Liège. Cette méthode constitue un perfectionnement d'un très-grand intérêt pour le cas spécial en vue duquel elle a été étudiée. On peut dire aujourd'hui qu'en ajoutant aux procédés Usuels le système Triger, le système Kind complété par M. Chaudron et le système Guibal, ni l'épaisseur des morts-terrains, ni leur

nature plus ou moins coulante, ni l'importance de leurs niveaux ne constituent plus d'obstacles contre lesquels le mineur soit désarmé. Sauf les difficultés et les accidents de chaque

application, il est permis désormais d'aborder l'attaque d'un bassin houiller quelle que soit la nature des morts-terrains qui le recouvrent.

C'est là un résultat nouveau, d'une grande importance, et très-digne d'appeler l'attention de toutes les personnes intéressées clans l'exploitation des mines.

§ III. Installation permanente des puits d'extraction. Les nombreux puits d'extraction établis dans ces dernières années, principalement dans les bassins houillers du nord de la France, de la Belgique et de la Ruhr, ont été outillés d'une