Annales des Mines (1861, série 5, volume 19) [Image 99]

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ÉTAT PRÉSENT DE LA MÉTALLURGIE DU FER

EN ANGLETERRE.

dustrielles , c'est l'abondance des capitaux. A cet égard l'Angleterre l'emporte sur la France, et pourtant cette influence se manifeste moins par la différence même du

L'esprit d'entreprise et l'abondance des capitaux ont amené à leur tour une extrême concurrence ; aussi, mal-

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taux de l'intérêt que par le caractère si opposé des

deux nations. Autrefois, sans doute, chaque nation formait un tout plus ou moins isolé; leurs rapports étaient peu fréquents et les capitaux dépassaient rarement ces limites factices ; niais aujourd'hui il n'en est plus ainsi. Qu'une entreprise quelconque, chemin de fer, usine ou mine, offre des avantages réels et assurés sur le continent, les capitaux anglais s'y porteront comme si elle se trouvait en Angleterre même. Évidemment il en est des capitaux et du taux de l'intérêt comme des conditions générales de la vie. Il s'opère, sous ce rapport

aussi, un nivellement général ; mais ce qui s'efface moins, ce sont les différences de caractère. L'Anglais est naturellement indépendant et persévérant; il préfère marcher seul, plutôt que de se soumettre aux mille embarras d'une organisation compliquée, et lorsque le succès couronne ses premiers efforts, il n'aspire pas au repos immédiat, il ne cherche pas à réaliser de suite ses capitaux en cédant son entreprise à une compagnie d'actionnaires ; il en fait plutôt une affaire de famille; il la développera graduellement pour ses enfants, qui, à leur tour, en prendront la direction. C'est ainsi que se sont constituées la plupart des grandes forges et des grandes fabriques du Royaume-Uni. Par là nos voisins ont échappé aux embarras nombreux et bien réels des grandes associations d'actionnaires. Peut-être la constitution de la propriété foncière n'estelle pas non plus entièrement étrangère au fait qui nous occupe. Ne pouvant placer en biens-fonds, aussi facilement que chez nous, les capitaux acquis, on est plus disposé à les laisser dans les entreprises industrielles.

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gré la grandeur du marché et les facilités exceptionnelles

que la situation de l'Angleterre offre de toutes parts à l'exportation, il n'en est pas moins vrai que la concur-

rence intérieure est plus grande en Angleterre que partout ailleurs; par suite, les bénéfices par tonne moins élevés que chez nous. Sous ce rapport, la France

aurait donc l'avantage; mais ici :encore on ne saurait méconnaître un progrès général vers l'uniformité. En France aussi la concurrence intérieure s'est largement développée ; c'est elle, et non la prévision du traité de commerce, qui a amené la baisse sur le prix des fers dès les années 1857 et 1858. Ainsi, en résumé, plus nous avançons et moins sera

grande, sous ces divers rapports, la différence de la situation industrielle de la France et de, l'Angleterre. CHAPITRE IV. ROUILLES.

§ i". Production houillère.

La houille est de beaucoup l'élément le plus important de l'industrie minière de l'Angleterre. M. R. Hunt, dans les mémoires du Geological Survey,

estime la production houillère du Royaume-Uni, pour l'année 1858, à 65.000.000 de tonnes, et sa valeur, sur le carreau de la mine, à raison de 5 shillings en moyenne

la tonne, à la somme énorme de 16.250.000 liv. st., soit LI,o 6. 75o. 000 francs, lorsque le poids total des autres

minerais ne dépasse pas le chiffre de 8.5oo.000 tonnes (dont 8 millions de minerais de fer), et leur valeur vé-

Concurrence

iuterieure.