Annales des Mines (1861, série 5, volume 19) [Image 15]

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ART DES MINES.

ne serait pas suffisamment maintenue par un simple muraillement en briques. On est donc obligé de garnir les puits, sur toute la hauteur occupée par les terrains aquifères, d'un cuvelage très-solide, dont on établit la base dans un terrain résistant, ordinairement sur la tête des argiles bleuâtres appelées dièves, que l'on recoupe avant d'atteindre le terrain houiller. Jusqu'à présent ces cuvelages ont toujours été construits en bois; on a soin d'employer du bois de chêne de première qualité, pris au coeur de l'arbre et sans aucun défaut. On donne aux pièces du cuvelage une épaisseur de 15 à20 centimètres ; le travail entier exige 40 à 5o mètres cubes de bois, ou davantage, suivant la hauteur du niveau qu'il s'agit de cuveler.

En présence du prix de plus en plus élevé du bois de chêne, on s'est demandé s'il ne serait pas possible d'employer une autre matière pour la confection des cuvelages.

Un cuvelage en fonte a déjà été établi, en 1852, au puits de Beaujardin, près Valenciennes, par la compagnie d'Anzin. Ce cuvelage était formé d'un simple tube en

fonte de 28 mètres de hauteur et de o!",8o de diamètre, dimension suffisante à cause de la destination du puits,

qui ne devait servir qu'à l'aérage et à la descente des ouvriers. Ce tube fut placé à l'intérieur du puits, dont le diamètre était plus grand, mais dont le cuvelage était mauvais ; et l'intervalle demeuré libre entre le cuvelage et le tube fut rempli avec du béton hydraulique fortement tassé.

Cette opération s'exécuta sans accident ; mais le même travail serait difficile et coûteux s'il s'agissait d'un puits d'extraction de 4 mètres de diamètre comme ceux que l'on construit actuellement. M. Pantignies , directeur du fond à la compagnie

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INVENTIONS NOUVELLES.

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d'Anzin , ayant, en i856, à remplacer le cuvelage de la fosse Trou-Martin, résolut de le construire en pierres, et cette opération, dont je vais donner le détail, réussit parfaitement. Voici d'abord dans quelles circonstances le travail a

été fait. La fosse Trou-Martin, située à Vieux-Condé, avait été ouverte au commencement de ce siècle, et présentait intérieurement la section d'un carré de 1m,94 de côté. Le cuvelage avait déjà été réparé plusieurs

fois, et se trouvait encore en assez mauvais état, à cause de la dégradation de la plupart de Ses pièces. On décida que les travaux d'extraction seraient suspendus, que la fosse serait élargie circulairement, au diamètre

intérieur de 3m,2o, et que le cuvelage en bois serait supprimé.

La coupe des terrains traversés par la fosse TrouMartin est la suivante (Pl. 1, fig. i) : ÉPAISSEUR.

PROFONDEUR.

D,ML

mèL

Sable avec silex

1,50

Argile avec silex

3,o°

1,5o

Craie avec silex

G,00

4,50

io,6o

io,Go 21,10 26,40 28,6o 29,10

Argiles bleues et petits bancs. . Dièves.

Tourtia ou grès vert Sable. . Terrain houiller à. la profondeur de.

5,50 2,20 0,50

On établit d'abord, à la base du niveau, dans le grès vert, un serrement destiné à retenir les eaux et à les empêcher d'aller inonder les travaux. A cet effet, on a posé

dans la fosse un plancher formé de pièces de bois de 0m,40 sur om,60 d'équarrissage, et d'un diamètre total de 4m,2o, dépassant par conséquent, ainsi que tout ce qui lui est superposé, de on),5o de chaque côté la circonférence du puits définitif, qui n'a que 5',2o. Depuis