Annales des Mines (1860, série 5, volume 18) [Image 288]

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AFFINAGE DE LA FONTE

PAR LE PROCÉDÉ BESSEMER.

Enfin, les aciers Bessemer sont réellement d'une ténacité exceptionnelle, puisqu'ils résistent tous à plus de 100 kil., et plusieurs à 110, tandis que les aciers ordinaires sont en général au-dessous de loo kil. Il résulte donc, en résumé, des chiffres que nous venons de citer, que la méthode Bessemer convient spécialement pour la fabrication de l'acier, et que cet acier est pour le moins aussi tenace que l'acier fondu

100 fr. la tonne, le prix des fontes étant de 2 liv. 1 0 Sb. à 3 liv. Mais à Woolwich, où le combustible, la fonte et la main-d'uvre sont plus chers, le prix de revient moyen a été de 6 liv, o sh., en opérant sur des fontes de 5 liv,

ordinaire.

Quant aux autres qualités du fer et de l'acier, il résulte également des essais faits à Woolwich qu'ils sont

l'un et l'autre aussi bons que les produits les plus estimés de la métallurgie anglaise. Le fer peut entièrement se replier sur lui-même sans présenter la moindre

crique, et l'acier a servi à la confection de tous les instruments d'alésage et de tournage dont on fait usage dans les ateliers de Woolwich. Une analyse faite par le chimiste du département de la guerre ne signale dans le fer Bessemer que 0,0002 de soufre avec des traces de phosphore et de manga-

.1

nèse, mais ni silicium ni graphite, et seulement une Prix

de revient.

minime dose de carbone combiné. D'après ce qui précède, il est bien évident que le prix

de revient du fer, et surtout de l'acier Bessemer, doit être fort peu élevé. En dehors du déchet, il n'y a réelle-

ment à compter que les frais de main-d'oeuvre et de production du vent le reste est relativement insignifiant, surtout lorsqu'on prend la fonte directement au haut-fourneau, ce qui pourrait se faire très-facilement en France dans les forges au bois.

M. Bessemer pense que dans le district des hématites rouges (Cumberland et Lancashire), en prenant la fonte directement au haut-fourneau, le prix de revient de l'acier ne devrait pas être supérieur à 4 liv. st. ; soit

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ii sh. à 3 liv. 15 sh. Le détail du prix de revient serait approximativement le suivant pour le fer doux : Fonte à 20 ou 25 p. zoo de déchet Frais de refonte au cubilot

Ilv. sti.

n

Vent, main-d'oeuvre, matériaux réfractaires, frais divers et généraux. . . . Total

liv.

511.

A Io it è 15

6

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5

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io

5 à 6 1c)

Si l'on peut se fier aux renseignements qui précèdent, et je ne vois aucun motif pour en douter, la

Conclusions.

fabrication de l'acier fondu, et en partie celle du fer,

serait donc à la veille de changer de face. L'acier fondu pourrait être obtenu à des prix singulièrement réduits. Toutes les fontes non sulfureuses, ni phosphoreuses, même celles qui renferment peu de manganèse, s'affi-

neraient aisément pour acier fondu dans l'appareil Bessemer. Aussi en France, plus qu'ailleurs, cette méthode nouvelle mérite d'être étudiée. Elle peut être appelée à redonner une vie nouvelle à nos districts de forges au bois, où les fontes sont de qualité supérieure, tels que la Franche-Comté, le Berri , le Périgord et les Pyrénées. On renoncerait à l'affinage comtois, et le charbon de bois servirait exclusivement à la fusion des minerais. Cherchons maintenant, pour terminer, sinon à formuler la théorie complète de la nouvelle méthode d'af-

finage, au moins à en apprécier les points les plus saillants. TOME XVIII, 186o.

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Considérations théoriques

sur le procédé Bessemer.