Annales des Mines (1860, série 5, volume 18) [Image 133]

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Il y a donc des matières organiques et de l'azote dans l'obsidienne, qu'elle soit compacte ou bulleuse ou

globuleuse, c'est-àdire dans toutes ses variétés. Ces matières lui donnent sa couleur noire ; mais elles doivent

nécessairement se dégager dès la première application de la chaleur ; c'est ce qui explique pourquoi l'obsidienne devient alors blanche ou grisâtre, et pourquoi elle se change en ponce. Quant à la ponce elle-même, elle contient du chlore comme l'obsidienne ; de plus, M. Abich a trouvé o,66 d'hydrogène carboné dans la ponce de Pantellaria, et M. Bolley, du chlorhydrate d'ammoniaque dans presque toutes les ponces (1). L'état vitreux du rétinite et de l'obsidienne ne permet pas de supposer que les matières organiques, qui sont si intimement répandues dans ces roches, et qui

leur donnent en partie leur couleur, aient été intro-

Lave.

ROCHES NON STRATIFIÉES.

AZOTE ET MATIÈRES ORGANIQUES.

duites postérieurement par absorption ou par infiltra-. tion. Par conséquent , bien que ces roches soient regardées comme des verres volcaniques, elles se sont formées, non-seulement en présence, de l'eau, mais même des matières organiques (2). Du reste, les matières organiques se retrouvent souvent dans les laves les mieux caractérisées. J'ai essayé sous ce rapport des laves anciennes ou récentes, prises successivement à la partie inférieure, moyenne, supérieure des coulées et dans des climats très-différents ; la plupart ont donné l'odeur caractéristique des matières organiques ; leur distillation était assez alcaline pour colorer sensiblement en bleu le papier rouge de tournesol et quelquefois même pour lui donner un bleu

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vif. Je citerai spécialement la lave de Pariou , du Tartaret , de Gravenoire, de Lassolas, du Puy.de-la-Vache et même du Puy-de-la-Bannière, en Auvergne ; la lave de Niederrnenig , celle du Vésuve de 1852 , une lave

noire vitro-résineuse et feldspathique de l'llécla, la lave rejetée en 1839 par le volcan de l'île de la Réunion, une lave scoraciée mise à ma disposition par M. de Saussure et provenant de l'éruption du Jorullo en 1700.

Pour la plupart de ces laves, notamment pour celles

de Gravenoire et de la Bannière, l'azote se trouvait assurément en quantité trop petite pour être dosé; mais pour d'autres, il était au contraire possible de le déterminer. Ainsi, l'azote était de... o,o1 dans la lave celluleuse et employée pour meules de Nieclermenig ; il

était de... 0,12 dans une lave très-scoriacée du Torre del Greco au Vésuve, qui, prise avec un fer pendant la fusion, portait le millésime de 1832 ; l'azote s'élevait même à... o,14 pour la lave celluleuse et péridotique provenant de la coulée de 1859, à l'île de la Réunion. Il est assurément difficile de se prononcer sur l'origine réelle de ces matières organiques, car elles sont en très-petite proportion. Lorsque les laves étaient celluleuses, leur distillation paraissait généralement plus alcaline que lorsqu'elles étaient compactes ; cela semblerait indiquer que leurs matières organiques doivent être attribuées à l'infiltra-

tion de l'eau et de l'atmosphère qui était alors plus facile.

D'un autre côté, si les matières organiques manquent

dans les laves anhydres, elles sont au contraire trèsappréciables dans les laves, comme celles de Bourbon

Rammelsberg. Bandbucle der Ifineralogie, 186., p. 6311. (2) Bulletin de la société géologique, 2e série, t. XV, p. 728.

qui sont légèrement hydratées. En outre, les produits bitumineux accompagnent souvent les éruptions des