Annales des Mines (1860, série 5, volume 18) [Image 96]

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AZOTE ET MATIÈRES ORGANIQUES.

ANIMAUX.

comprend qu'elle doit bien résister à la fossilisation. Et en effet, de Bibra a trouvé de la gélatine, non-seulement dans les os humains provenant des tumulus de la Germanie et d'une momie égyptienne, mais encore dans les os des tourbières, dans ceux de l'ours des cavernes et de l'éléphant du terrain diluvien (1). En faisant bouillir avec de l'eau un os de glyptodon,

tion ; ils s'observent très-bien dans les os appartenant

un os de tortue et une dent de squale appartenant au terrain tertiaire, j'ai vérifié qu'ils renfermaient encore une proportion très-notable de gélatine. Comme le remarque M. de Bibra, la gélatine des os remontant à une haute antiquité s'extrait même plus facilement. On reconnaît d'ailleurs très-bien que l'osséine n'a pas été complètement détruite par la fossilisation, en aban-

donnant à l'air une infusion d'os fossile dans l'eau chaude; car on observe qu'il ne tarde pas à s'y développer des mycodermes. En outre, quand on traite des os fossiles par de l'acide chlorhydrique faible, lors même qu'ils sont très-anciens ou minéralisés, ils laissent pour résidu un léger squelette organique qui provient de l'osséine. Lorsqu'on chauffe les os, les dents ou les coprolites, dans un tube fermé, ils prennent une couleur plus foncée et généralement ils noircissent ; ils dégagent des substances huileuses ou bitumineuses ayant une odeur

désagréable qui se condensent à la partie supérieure du tube; ils donnent ensuite de l'ammoniaque qui colore vivement en bleu le papier de tournesol et qui est ordinairement assez abondante pour qu'on la reconnaisse immédiatement à son odeur. Si l'on opère sur une

quantité suffisante, on constate aussi qu'ils dégagent

à l'époque actuelle et au terrain diluvien ; ils se retrouvent encore, bien qu'à un degré beaucoup moindre, dans les os provenant des terrains tertiaires, crétacés, jurassiques et même des terrains plus anciens. Du reste, l'azote mesure en quelque sorte la quantité

de matières organiques des animaux fossiles, ou du moins il permet de l'apprécier. Pour que les résultats des essais fussent parfaitement comparables, il faudrait, il est vrai, que les animaux examinés appartinssent à une même espèce et de plus à une même partie du squelette.

Car, dans leurs os, par exemple, la matière organique varie avec les espèces d'animaux, et dans certaines limites avec des individus différents ; elle varie aussi pour

un même animal avec son âge, avec l'os considéré et avec son tissu. Toutes choses égales, elle se conserve mieux dans les os qui sont très-compactes et difficilement perméables. Le gisement des os fossiles exerce d'ailleurs une grande influence sur la proportion de matières organiques qu'ils renferment; en sorte que pour apprécier complètement les effets de la fossilisation, il faudrait pouvoir considérer un os déterminé d'un même animal,

pris dans des terrains différents, et se trouvant pour chacun d'eux dans les mêmes conditions de gisement. Les espèces variant dans la série des terrains, il n'était pas possible de réaliser cette condition d'une manière absolue; mais j'ai cherché à m'en rapprocher le plus possible en comparant des débris fossiles de même nature. Ainsi, les os, les dents, les têts des mollusques, les végétaux ont été comparés entre eux.

des gaz inflammables. Tels sont les effets de la distilla,

Le premier tableau placé à la fin de ce mémoire

(i) Von Bibra. Chemische Untersuchungen über die Knochen und Zdhne der Menschen und der Frirbelthiere, 18htt.

donne la !lescription complète des divers corps organisés qui ont été soumis aux essais. Il résume les résul-