Annales des Mines (1860, série 5, volume 18) [Image 20]

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ORDRE STRATIGRAPHIQUE

Bien que nous ayons passé peu de temps à chercher des fossiles dans la formation D, nous y avons trouvé sans peine plusieurs de ceux qui ont été indiqués par MM. Favre et Lory. Ainsi nous avons recueilli près de la Frassette la Belemnitella mucronata, le Micraster cordcttus et beaucoup de ces plaques fibreuses que nous rapportons avec M. Lory à rInoceramus Cuvieri. Les empreintes d'inocérames (Inoceramus cuneiformis?) y sont particulièrement abondantes. Entre la Pointière

et les Déserts, nous avons rencontré une Ananchytes

Groupe C.

conica et plusieurs exemplaires de la Belemnitella mucronata. Ces fossiles nous ont paru se montrer indifféremment à toutes les hauteurs de l'assise marneuse inférieure ; ils manquent ou ils sont rares dans le calcaire à silex qui forme l'assise supérieure. Le troisième groupe C est beaucoup plus puissant et plus continu dans son ensemble que le groupe précédent. Il est formé à sa partie inférieure de schistes argilo-calcaires gris ou bleu foncé, qui par leur aspect et leur couleur rappellent soit les schistes oxfordiens, soit certaines marnes également schisteuses, que l'on rencontre quelquefois dans le sein du néocomien inférieur (I). A ces schistes dont la puissance atteint sur quelques points 200 ou '5oo mètres, succède une assise de 20 à 25 mètres d'un calcaire compacte gris foncé, qui par ses caractères extérieurs ressemble beaucoup au calcaire oxfordien. Cette assise est remarquable par un contournement en forme de S, qui s'observe dans toute l'étendue de la vallée, particulièrement sous le village des Rigaux où il est très-appa(i) On peut citer comme exemple les marnes situées audessus du rocher d'Aisy sur la rive gauche de l'Isère, entre Grenoble et Voreppe.

ET CARACTÈRES PALÉONTOLOGIQUES.

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rent. On voit les bancs d'abord à peu près horizontaux

se relever sensiblement vers l'est, puis s'arrondir et

finir par plonger légèrement du même côté. Les schistes immédiatement inférieurs participent à cette allure. MM. Favre et Lory ayant admis sans discussion que ce groupe était jurassique, nous nous attendions à voir cette opinion confirmée par des fossiles et nous n'avons pas été médiocrement surpris d'arriver à un résultat tout contraire. Le groupe C ne renferme aucun vestige de coquilles jurassiques ; il en offre au contraire de bien caractérisées qui sont néocomiennes. On peut vérifier le fait sur le chemin qui conduit de Saint-Pierre-d'Entremont à Entremont-le-Vieux, 600 mètres environ du premier village. Il y a en cet endroit un escarpement entièrement dénudé de schistes argilo-calcaires presque noirs, qui s'aperçoit de loin. Ces schistes sont associés à des bancs calcaires fortement inclinés, en grande partie brisés et éboulés, où l'on trouve beaucoup de coquilles, soit au-dessus, soit audessous du chemin. Nous y avons recueilli la Terebraluta prxlonga et l'Ostrea macroptera, une rhynchonelle ressemblant beaucoup à la Rhynchonella depressa, une espèce d'ammonite probablement nouvelle, voisine de

l'Ammonites neocomiensis, et d'autres coquilles trop fortement engagées dans la pierre pour être nommées avec certitude, mais ayant toutes un faciès crétacé. La Terebratula prxlonga est particulièrement abondante. Enfin à Saint-Pierre-d'Entremont , sur la rive gauche du Guier, le prolongement de ces mêmes marnes nous a offert des tronçons du Belemnites bipartitus, fossile sur lequel il n'est pas possible de se méprendre. Les caractères paléontologiques de ce système de couches sont donc ceux des marnes néocomiennes, et nous présumons que c'est uniquement d'après les caractères