Annales des Mines (1860, série 5, volume 17) [Image 133]

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DU NORD ET DU PAS DE-CALAIS.

SITUATION COMMERCIALE DES HOUILLÈRES

tance capitale à opérer sur les objets qui assurent à la classe ouvrière la plus grande somme d'ouvrage. Or, est-il une industrie qui donne plus de travail que l'in-

dustrie houillère ? La main-d'uvre sous ses formes diverses entre pour plus de moitié dans les dépenses; les mesures propres à la développer, quand elles ne constituent aucun privilége préjudiciable à la masse des consommateurs, sont donc éminemment favorables aux classes ouvrières ; par conséquent elles atteignent le but que poursuit le gouvernement par ses réformes douanières. Cela posé, objectera-t-on le petit avantage immédiat qu'en retirent nos houillères? Trouvera-t-on mauvais que celles-ci ne subissent point sur leurs bénéfices une réduction aussi considérable qu'elle le ferait sans ces mesures ? Leur reprochera-t-on de ménager la S'il en est ainsi, loin que ce soit un motif pour les écarter, nous croyons que c'est une raison de plus pour les adopter ; la transformation qui se prépare ne peut avoir lieu sans souffrance ; le devoir comme le désir du gouvernement est de les adoucir autant que possible; c'est ainsi que le comprend M. Gladstone que nous citerons une dernière fois. Lorsqu'il impose des sacrifices au producteur de houblon, il songe à le dédommager par un dégrèvement de droits. cc Mais, comme en supprimant les crédits nous pesons un peu sur le producteur, tandis que nous allons le mettre en concurrence avec les producteurs étrantransition?

gers du même article, nous demanderons en même temps à la chambre une réduction partielle du droit. Nos houillères du département du Nord vont avoir la concurrence des charbons étrangers plus active que jamais? N'est-il pas naturel de leur fournir les moyens de lutter plus facilement? Si l'on ajoute que l'on con-

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tribuera par là aussi à augmenter leur production, par suite à amener une diminution sur les prix de revient et les prix de vente, que l'industrie houillère est une de celles qui donne le plus d'ouvrage aux masses, que le bas prix de la houille facilite la production en général, n'y a-t-il pas lieu de penser que le pays trouvera de prompts et larges dédommagements au sacrifice qu'il ferait par l'adoption de mesures que nous avons indiquées? Quant à nous, nous sommes convaincu qu'elles exerceraient une heureuse influence sur le développement de nos houillères en même temps que sur celui de l'industrie du pays, et qu'elles contribueraient pour une part à augmenter le bien-être des travailleurs. Cependant à elles seules elles ne suffiraient point ou seraient incomplètes ; il faut encore que les exploitants

s'attachent à diminuer leurs frais d'exploitation, en même temps qu'a développer leurs ventes par la fabrication du coke, des briquettes et la production des diverses sortes de charbon que demande le commerce ;

nous sommes convaincu qu'ils entreront dans cette voie et feront tout ce qui leur sera possible pour sortir avec honneur et avantage des difficultés que leur crée la grande concurrence de l'étranger.