Annales des Mines (1859, série 5, volume 16) [Image 284]

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oppose, c'est le manque d'usines pour traiter les metales trios. Ceux-ci, en effet, augmentent chaque jour ; or on ne connaît à Copiapo qu'un seul mode d'amalgamer, mode, il est vrai, économique et rapide, mais auquel résiste tout ce qui est combiné au soufre, et qui laisse, par suite, des résidus. Ces résidus, en général riches, sont connus sous le nom de relanes. Il

en résulte la nécessité d'exporter les minerais sulfurés; or cette exportation exige avant tout une teneur en argent pour faire face aux frais de chargement et d'expédition sur navires à voiles. Il en est autrement de l'argent extrait par amalgamation; on profite pour l'expédier des facilités des vapeurs qui font deux fois par mois le service de la correspondance ; seulement ces bateaux sont anglais, et ils ne se chargent du transport des lingots qu'a la condition expresse de les vendre à la banque de Londres.

Par le fait d'un semblable état de choses, il arrive que les mines d'argent les plus pauvres sont toujours exploitées dès qu'on peut en faire traiter le minerai par le système connu d'amalgamation, et que les mines qui donnent des produits rebelles au procédé en usage ne sont exploitées, au contraire, que dans le cas où le minerai est suffisamment riche pour permettre de l'exporter. Minerais d'or. La production de l'or au Chili a tellement

diminué d'une part, et d'autre part la Californie et l'Australie jadis accoutumées à porter ici leur métal, en échange des sels qu'elles produisent maintenant chez elles, ont si fort ralenti leurs envois que la monnaie de Santiago a dû se faire expédier cette année des lingots de Londres. Il y a cependant dans ce pays, et surtout dans les environs de Copiapo, des minerais qui contiennent de l'or, rebelles à l'amalgamation usitée, mais que l'on pourrait traiter en même temps que les minerais d'argent sulfurés, s'il y avait une usine où l'on s'occupât de ces derniers. Ce qu'il y a d'intéressant, c'est que l'extraction ne coûterait rien; ce métal se concentrerait en effet dans les lingots d'argent que l'on enverrait tels quels à Paris, où le raffinage s'opère avec tant d'économie que l'on a du bénéfice à.faire affiner des matières qui ne contiennent qu'un millième d'or. On peut évaluer à 20.000 tonnes de cuivre pur la Cuivre. production annuelle du Chili dans les circonstances actuelles; ce cuivre s'exporte sous trois formes : i° Lingots de cuivre noir fournis surtout par les usines des

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provinces d'Aconcagua et de Valparaiso, où l'on fond encore au

bois de 96 à 98 p. loo de cuivre pur; 2° Mabbes d'une teneur de 47 à 50 p. 100; on en fait dans les provinces de Coquimbo et d'Alacama, par la fonte des minerais de cuivre pauvres, d'une teneur moyenne supérieure à 10 p. 100 de sc. ui

re ;

Minerais bruts d'une teneur d'environ 25 p. loo, quelquefois plus. Dans la province d'Atacama, on exploite les mines de

cuivre depuis bien des années, mais on a dû cesser le travail de celles qui ne fournissaient que des minerais trop pauvres pour être exportés, lorsqu'on eut épuisé les bois rabougris que la sécheresse du pays ne permet pas de renouveler. En '854, l'établissement du chemin de fer de Caldera à Copiapo, prolongé depuis jusqu'aux mines de Chanarcillo, en rendant facile et peu coûteuse l'introduction du charbon, a permis par cela même de reprendre et de pousser avec activité le travail des mines de cuivre. Elles trouvent à vendre leurs minerais pauvres aux fonderies qui se sont établies à Caldera, à Copiapo, Tierra amarilla, Sunta del Cabre, etc., etc.

L'industrie des mines de cuivre a pris dernièrement un essor nouveau par le travail des mines du désert d'Atacama, dont les principales, au nombre de 255, sont concentrées dans les mains d'un seul mineur connu sous le nom de Manco Mareno. En très-peu d'années, celui-ci est parvenu à réaliser plusieurs millions de piastres, et son exemple a déterminé d'autres personnes à se lancer dans le désert.

L'argent en barres, les minerais d'argent, les lingots de cuivre, les minerais de mables et autres produits des mines et usines de la province d'Atacama, sont, comme je l'ai dit plus haut, portés en Angleterre. Nos industriels sont trop timides pour

aventurer leurs capitaux au loin; c'est ce qui nous rend tributaires de nos voisins pour les matières premières indispensables à nos fabriques. Tout porte à croire cependant que si quelque compagnie française puissante venait à s'établir dans ces parages, elle y trouverait dès profits non douteux. (Renseignements adressés à M. le ministre des affaires étrangères par M. LIMPERANI , consul général et

chargé d'affaire, de France à Santiago du Chili. Si décembre 1859.)