Annales des Mines (1859, série 5, volume 16) [Image 93]

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ÉTUDES ET EXPÉRIENCES SUR LE MÉTAMORPHISME.

derne, et en particulier du métamorphisme, oblige à en résumer ici, comme je l'ai fait pour Werner, les principales propositions. C'est d'ailleurs le seul moyen de bien faire la part de l'auteur de ces découvertes fondamentales et celle de ses continuateurs. Nous suivrons l'ordre

même adopté par Hutton et par son commentateur. 1. Certains

terrains qualifiés de primitifs

ont été formés à la manière des terrains sédimentaires récents.

L'auteur remarque d'abord que certains terrains qualifiés de primitifs paraissent avoir été formés à la manière des terrains sédimentaires récents. C'est ainsi que des couches des Alpes considérées comme primitives ne peuvent être antérieures à l'existence des végétaux,

puisqu'elles en renferment de nombreux débris sous forme de combustible minéral. Ailleurs, d'autres terrains cristallins renferment des couches consistant en sable et galets : elles ont donc été formées des débris de terrains préexistants ; car si l'on voulait admettre avec Deluc que le sable quartzeux est un dépôt chimique, on ne comprendrait pas pourquoi il n'en existe pas au milieu des masses les plus cristallines, notamConsolidation et cristallisation des roches stratifiées par l'influence

de la chaleur.

ment dans le granite et les filons métallifères. La compacité actuelle de ces roches à la fois sédimen-

taires et de structure cristalline, ne peut résulter que de l'action de la chaleur et d'un ramollissement. D'après IIutton , si une substance étrangère avait pénétré à l'état de dissolution dans les pores de la.roche, le liquide y aurait laissé nécessairement certains vides. Les masses

de calcaire lamellaire, souvent subordonnées à cette espèce de roches cristallines, lui servent aussi d'argument. Car il ne met. pas en doute que le calcaire, dans lequel Black venait de découvrir l'acide carbonique, ne puisse retenir son élément gazeux à une chaleur élevée, si cette roche est en même temps soumise à une forte pression. Il ajoute que, dans ces conditions, le carbonate de chaux peut même être fondu. On sait comment

HISTORIQUE.

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cette prévision hardie fut confirmée plus tard par les expériences de son plus célèbre disciple (1). Le gisement des diverses espèces de combustibles minéraux fournit encore des points d'appui à cette même

Transformation, des combustibles minéraux

ces mêmes idée théorique. Après avoir remarqué que dans l'île dansconditions. de Sky- le lignite ordinaire se change, sous le basalte

qui le traverse, en un combustible compacte, à cassure brillante, semblable à la houille, Hutton conclut que la houille a la même origine que le lignite, comme Buffon

l'avait déjà supposé ; que les couches de houille et les dépôts de bitume résultent de la transformation de matières végétales et animales par la chaleur et sous l'influence de la pression. En généralisant cette idée, il vint à comprendre même le graphite dans cette série de produits dérivés de l'enfouissement et de la transformation des êtres organisés (2). Ainsi, par un e pensée toute nouvelle, l'illustre géologue

écossais faisait coopérer successivement l'eau et la chaleur interne du globe à la formation des mêmes roches. C'est le trait du génie de rapprocher dans une même origine des phénomènes très-dissemblables. La chaleur 5. La chaleur interne a en outre souterraine n'a pas seulement consolidé et minéralisé opéré redressement les couches au fond de la mer, Hutton reconnaît qu'elle ledes couches, a en outre soulevé et redressé des couches qui étaient primitivement horizontales. Saussure venait alors d'observer le redressement des célèbres poudingues de Va-

lorsine , mais sans se prononcer sur la cause du phénomène (3). (s) Sir James Hall, dont les conclusions sur l'action simultanée de la chaleur et de la pression seront signalées plus loin. N° 121, page 2o6 de la traduction française. (3) Les observations de Stenon sur le même sujet que M. Élie de Beaumont a remises en lumière (Annales des sciences na-

turelles, t. XXV, p. 337 à /83) paraissaient alors tout à fait tombées dans l'oubli.