Annales des Mines (1859, série 5, volume 15) [Image 203]

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beaucoup du degré de pureté des sources salées n" 7

et 8. Cette eau était un mélange de l'eau primitive contenue dans le lac après une série de beaux jours, avec les eaux pluviales apportées par les affluents de la rive nord du lac, après une série de plusieurs jours de pluie. Nous avons remarqué en effet, en pénétrant dans

l'intérieur du lac, que l'eau était d'autant plus salée au goût que nous avancions d'avantage. Comme les eaux pluviales entraînées dans le lac avaient couru principalement à la surface du terrain diluvien, le tableau précédent montre que le chlorure de sodium doit être assez abondamment répandu à l'état de dissémination au milieu des couches quaternaires.

L'eau de mer est la moins pure de toutes les eaux salées. Les eaux salées n" 2, 5, 6, 7, 8 contiennent beaucoup plus de sulfate chaux qu'il n'en faut pour saturer un volume égal d'eau distillée. Nous avons déjà dit que cette dissolution s'opère à la faveur de la grande richesse en sel marin.

L'eau de mer et les eaux des lacs salés sont trèspauvres en carbonates terreux. Les eaux des sources salées et celles du zahrez Rharbi n°5 en renferment au contraire des quantités notables qu'elles ont prises dans

les terrains qu'elles traversent. Ces carbonates se déposent par l'agitation, et on s'explique ainsi pourquoi on n'en trouve pas de traces notables clans les lacs sa. lés qui n'ont qu'une faible profondeur. Le Zahrez Rharbi est alimenté par l'oued Melah, qui se jette dans la rive sud-est du lac. Cette rivière prend sa source dans les environs de Djelfa et traverse successivement les terrains secondaire, tertiaire et quaternaire, avant de passer au pied du rocher de sel du dje-

bel Sahari. Elle roule, en amont de ce rocher, un volume d'eau assez considérable qui était d'un mètre

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cube environ par seconde le 2 novembre 1855. Cette

eau renferme par kilogramme i,554 de sels divers parmi lesquels dominent les sulfates de chaux et de magnésie. Après avoir dépassé l'îlot formé par le rocher de sel, les eaux de l'oued Melah contiennent par kilogramme 2gr,975 de sels divers. Cet accroissement de matières salines est dû à une certaine quantité de sulfate de soude et de chlorure de sodium. En amont du rocher l'eau renferme par kilogramme 0gr,560 1 de chlorure de sodium. Eh aval elle renferme 1gr,5078, c'est-à-dire environ 4 fois plus. On voit donc que l'action du rocher de sel sur les eaux de l'oued Melah est assez sensible; cependant elle n'est pas assez forte pour rendre ces eaux impropres à la boisson des animaux domestiques et à l'irrigation. Le débit de l'oued Melah étant très-notable en toute saison, l'administration de la guerre se propose d'utiliser les eaux en aval du rocher de sel, au moyen d'un barrage, pour irriguer les plaines quaternaires comprises entre le djebel Sahari et le Zahrez Rharbi (1). Cette opération transformerait sans nul doute l'aspect d'un terrain qui est aujourd'hui presque sans valeur et ne produit que de maigres pâturages pour les troupeaux de moutons et de chameaux. En aval du rocher de sel, l'eau de l'oued Melah renferme par kilogramme ogr,2557 de sulfate de soude,

tandis qu'elle n'en renferme pas en amont du même rocher. Cet élément lui est donc fourni par le lavage de ce rocher. Les eaux de l'oued Melah contribuent à augmenter

la quantité de matières salines qui arrivent annuellement dans le Zahrez Rharbi. Mais on ne doit pas exa(1) Ce barrage a été construit depuis que cette notice a été. rédigée.

Toms XV, 1859.

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