Annales des Mines (1857, série 5, volume 12) [Image 416]

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11 y a beaucoup d'or au Caratal , a-t-on dit c'est une nouvelle Californie..... Je réponds : une Californie qui tiendrait dans les murs de la

cathédrale de Bogota. N'est-ce pas un malheur de voir ces pauvres mines de l'Yuruari périr comme Icare, pour avoir reçu une impulsion que leurs ailes ne peuvent pas soutenir? Mon coeur se trouble, vraiment, quand je pense aux désastres que peuvent entraîner ces mouvements désordonnés de population; que de victimes, comme en '85 j, ont à payer un instant d'erreur! J'ai intérêt à ces choses, j'en conviens; ces mines, je les ai découvertes, je veux les protéger contre l'exagération et les flatteries. Pendant huit années, j'ai prêché en leur faveur, et je n'ai pas cessé de prédire qu'elles donneront un jour de beaux

résultats, mais ce jour n'est pas encore arrivé. Aujourd'hui même, en même temps que je remets à sa valeur le placer du Caratal, et que je conteste l'exactitude comme l'opportunité des articles publiés à ce sujet, je conserve mon opinion sur ces mines et sur leur avenir, et je répète que mes dernières explorations m'ont confirmé dans mes vues. La formation aurifère, qui, à peu d:exceptions près, est due à des bouleversements locaux, se relie sans doute à celle de

la Nouvelle-Grenade et à celle de la Guyane française. Je terminerai en rappelant néanmoins les richesses de cette province de la Guyane que j'ai parcourue, et il n'y aura plus lieu de tenir compte de l'or seulement, car il existe des mines d'argent, de cuivre, de mercure, d'étain, de fer, de plomb, et des alluvions diamantifères. En outre, la richesse agricole est grande et l'intérieur de la Guyane n'est pas insalubre. (Extrait du rapport adressé au secrétaire d'État de l'intérieur de la république de Venezuela, par le docteur PLASSARD.)

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cinq ou six Français), mais les beaux échantillons qu'ils ont donnés ranimeront la confiance ébranlée et attireront un assez grand nombre de travailleurs, lorsque la sécheresse aura assaini le pays. On a reçu à Ciudad-Bolivar des morceaux de lis, de w et de 16 onces ; ceux de 3 à 6 onces ne sont pas rares.

Ces nouvelles, et surtout celle du départ de Demerari de deux expéditions anglaises, ont décidé le gouvernement de Caracas à envoyer sur les lieux un ingénieur et quelques élèves de l'école militaire ; mais jusqu'à ce jour, cette partie de la province a été abandonnée à elle-même. Les terrains ne sont ni affermés, ni vendus ; chacun peut les exploiter sans entraves comme sans garanties. Le mode d'exploitation est encore réduit au travail manuel ; il n'y a pas de machines; le pic, la pioche, la pelle et une sébille sont les seuls instruments employés ; mais les mineurs s'associent souvent au nombre de 5 ou 6 pour creuser un trou de w pieds quarrés qu'ils exploitent en commun. L'alimentation consiste en bétail qui est abondant, en bananes, en riz, en cassave et en quelques vins et liqueurs que l'on reçoit de Ciudad-Bolivar. Si le nombre des mineurs devenait considérable, il faudrait nécessairement améliorer les communications entre Caratal et Ciudad-Bolivar qui, aujourd'hui sont assez difficiles et coûteuses. Deux voies conduisent de la capitale de la province aux mines :

la première traverse les terres, et se trouve coupée, près de Gari, par la rivière Caroni, que l'on ne peut traverser qu'au moyen de bongos ou curiacas (grands canots) dans lesquels il est difficile d'embarquer des animaux. La seconde est celle du fleuve que l'on descend jusqu'à Puerto de tablas (environ trente lieues entre Ciudad-Bolivar et l'embouchure de l'Orénoque). De ce point, on se dirige sur Caratal par terre, en traversant un pays ondulé qui offre un terrain ferme et sur lequel on pourrait facilement établir de bonnes routes. Il y aurait quelques ponts à jeter sur des torrents que leur peu de largeur rend faciles à franchir. A la date du 29 'septembre, de Ciudad-Bolivar, les nouvelles

Renseignements postérieurs sur le même sujet. Les terrains aurifères de Caratal, dont la richesse est aujourd'hui incontestable, ont été en partie abandonnés pendant la saison des pluies il n'y reste qu'une centaine d'individus, dont

des mines étaient bonnes ; les fièvres attaquaient les travailleurs, niais les résultats obtenus les faisaient persister dans leurs recherches. Tel est le résumé des renseignements que me donne notre agent à Ciudad-Bolivar, et de ceux que j'ai pu obtenir ici même.

On peut en déduire, que les terrains de Caratal sont riches, et