Annales des Mines (1857, série 5, volume 12) [Image 365]

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EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A VAPEUR

été violemment projeté dans un sens, tandis que le générateur, entraîné par le bouilleur, prenait en sens contraire un mouvement de recul dans lequel la tubulure du second bouilleur se déchirait et donnait une nouvelle issue à l'eau et à la vapeur. L'accident qui nous occupe montre une fois de plus que le mastic de fonte, s'il convient pour empêcher des fuites, ne peut être employé avec sûreté pour prévenir les disjonctions des pièces entre lesquelles il est interposé; nous ajouterons que cet emploi est particulièrement vicieux dans des chaudières exposées à des dila-

tations et contractions fréquentes, surtout lorsque, comme dans l'espèce, les deux pièces réunies par le mastic sont d'épaisseur très-inégale. On doit reconnaître, du reste, que le rnactic de fonte est de moins en moins employé dans les chaudières à vapeur, et que lorsqu'on y a recours, c'est en général en ayant soin de consolider l'assemblage au moyen d'armatures qui présentent par elles-mêmes, indépendamment de la résistance propre du mastic, une solidité suffisante. Quoi qu'il en soit, il peut y avoir quelque intérêt à porter à la connaissance des ingénieurs et des industriels l'accident dont il s'agit, afin de mettre en garde

contre un système de construction essentiellement vicieux.

Je propose donc à la commission de déclarer i° Que les causes de l'explosion lui paraissent avoir été exactement appréciées par MM. les ingénieurs du

département du Tarn clans les rapports, et avis du décembre 1855 et date du 7 janvier suivant ; 2° Qu'il y a lieu -d'insérer in extenso, ou par extrait, le susdit rapport dans les Annales des mines et dans les Annales des ponts et chaussées.

AUX MINES DE CARMEAUX (TARN).

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Rapport de l'ingénieur ordinaire des ponts et chaussées. Dans la nuit du 14 au 15 décembre 1855, la chaudière de la machine à vapeur employée au puits du Ravin (concession des mines de Carmeaux) pour l'extraction de la houille et de l'eau, a fait explosion. Le chauffeur, renversé au milieu des débris et brûlé par les jets de vapeur et d'eau bouillante, a succombé au bout de trois heures. M. Poisse, directeur de l'exploitation des mines, a averti le soussigné par une lettre reçue dans la soirée du 15; il l'informait en même temps qu'il avait donné des ordres pour que rien ne fût dérangé. Dans la visite qui a été faite en suite de cet avis dans la matinée du 17, il a été constaté ce qui suit La chaudière se composait d'un corps cylindrique en fonte et de deux bouilleurs également en fonte ; le corps cylindrique de la chaudière a un diamètre extérieur de om,81 et un dia-

mètre intérieur de 0,74, l'épaisseur de la fonte étant en

moyenne de 00,035. Le diamètre des bouilleurs est extérieurement de o'",32 et intérieurement de 0°',2à. Le corps cylindrique

est terminé par des fonds presque plats venus de fonte avec lui. Les bouilleurs, au contraire, sont terminés par des fonds plats adaptés après la fonte. Le fond antérieur est fixé au corps des bouilleurs au moyen de quatre boulons. Cet assemblage, ainsi disposé de manière que le fond pût s'enlever lorsqu'on voulait nettoyer le bouilleur ou le visiter, 'paraît très-solide. Le fond postérieur est formé d'un disque en fonte de om,23 de diamètre, de 0'0.2 de longueur, et évidé au dedans en forme de calotte sphérique.

Il n'est fixé dans le bouilleur que par une couche de mastic de fer comprimé dans l'espace annulaire qui sépare la surface du tampon de la surface intérieure du bouilleur, et qui a environ 5 millimètres de largeur. Chaque bouilleur communiquait avec la chaudière par une tubulure de o0',24 de diamètre intérieur placé à o",0 environ de son extrémité antérieure. La chaudière et les bouilleurs sont timbrés pour quatre atmosphères.

Cette chaudière était établie dans le compartiment C du plan (Pl. VIII, fig. 8 et 9).