Annales des Mines (1857, série 5, volume 12) [Image 338]

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TRAVAUX FAITS

kilogramme de vin, lorsque le poids total des cendres d'un vin suspect serait au-dessous de la limite inférieure, l'expert pour-

rait en conclure que le vin a été étendu d'eau ; mais il ne pourrait dire exactement dans quelle proportion que s'il connaissait le poids des cendres du vin primitif et le poids du résidu salin contenu dans un litre de l'eau ajoutée. Tous nos vins renferment une faible proportion de silice qui se partage entre les sels solubles et les sels insolubles dans l'eau. Nous ne l'indiquons ici que pour mémoire. La silice des cendres insolubles dans l'eau doit être séparée Silice. en dissolvant celles-ci dans l'acide chlorhydrique et évaporant Dosage du plomb, à sec pour rendre toute la silice insoluble. On reprend par de du cuivre, l'eau acidulée, et l'on filtre, ce qui sépare la silice. Dans la lide l'étain et du platine, queur filtrée, on fait passer un courant d'hydrogène sulfuré des centres qui précipite le plomb, le cuivre, l'étain et le platine à l'état insolubles de sulfures (on a déjà dit que le platine provient de la capsule dans l'eau, dans laquelle a été faite l'incinération du vin). On a dosé tous ces métaux en bloc à l'état d'oxysulfures , en grillant à, l'air le filtre sur lequel ils avaient été recueillis, Le poids total de ces oxysulfures a varié de o à 0g,05 pour 1 kilog. de vin. Plusieurs échantillons n'ont donné que des traces indosables de matière: tels sont les n" Io; 12, 22, 27, 28, ho, 45. Quant aux poids

indiqués dans le tableau, comme ils ont été obtenus pour ioo grammes de vin, et que nous les avons ensuite multipliés par Io, nous ne pouvons répondre de leur exactitude mathématique, parce que les pesées se sont faites sur des matières pesant au plus 0g,0045, en y comprenant les cendres du filtre. L'oxyde de cuivre ne se trouve ,qu'en quantités indosables dans 100 grammes de vin. On eu a constaté la présence en dissolvant les oxysulfures dans l'eau régale, évaporant à sec et Fe. prenant par un peu d'ammoniaque. On obtenait quelquefois une bien faible coloration bleue, indiquant la présence de traces indosables de cuivre. Les échantillons n" 7, 9, 10, 15, 22, 27, 52, 115, n'ont pas donné trace de cuivre. L'échantillon n° 14 est celui dans lequel la couleur bleue a été le plus intense. C'est le vin qui a fourni des sels insolubles dans l'eau de couleur violette. L'étain ne se trouve qu'en très-minime proportion dans les oxysulfures. Le plomb y est un peu plus abondant. Le platine en forme la majeure partie. C'est ce que nous avons con-

staté dans l'analyse complète des cendres du vin rapportée plus haut.

AU LABORATOIRE D'ALGER EN 1856.

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On a recherché également les métaux qui pouvaient ètre contenus dans la solution aqueuse des cendres. En aiguisant la liqueur avec de l'acide chlorhydrique et faisant passer un cou-

rant d'hydrogène sulfuré, on n'a jamais obtenu de précipité appréciable en opérant sur 100 grammes de vin. Mais en opérant sur 1.000 grammes, on obtient un faible précipité brunâtre. Cela indique que les métaux précipitables par l'hydrogène sulfuré se partagent entre les sels solubles et les sels insolubles dans l'eau, mais qu'ils se trouvent principalement avec les sels insolubles. C'est le platine surtout qui passe dans les sels solubles à l'état de platinate de potasse ; comme il est étranger au vin, il est inutile de s'en occuper. L'étain, s'il était en proportion notable, pourrait aussi se trouver dans les sels

solubles à l'état de stannate de potasse. Les métaux précipitables par l'hydrogène sulfuré étant en très-minime porportion dans le vin, pour les doser avec quelque exactitude il faudrait opérer sur une quantité considérable de vin et faire passer le courant d'hydrogène sulfuré dans la solution chlorhydrique du poids total des cendres.

M. Chevalier, dans son Dictionnaire des altérations des substances alimentaires, tome I, page 65, 2e édition, dit que les alcools peuvent contenir des sels de plomb et de cuivre provenant soit de la conservation des alcools dans des estagnons

de cuivre étamés anciennement ou attaqués par l'acide acétique qui s'est formé au sein du liquide, soit de la négligence avec laquelle on entretient les vases distillatoires, soit de l'emploi de serpentins construits avec un alliage de plomb et d'étain. Nous pensons que les mêmes causes peuvent introduire de l'étain dans les alcools. Cet étain, de même que le cuivre et le plomb dont nous avons constaté la présence dans les vins analysés, y aura sans doute été introduit à l'insu du marchand en additionnent les vins de la quantité d'alcool, que ce dernier supposait nécessaire pour l'expédition, ou bien en se servant pour la manutention des vins de vases en cuivre étamé. Il arrive quelquefois que l'eau distillée renferme des traces

d'étain provenant de l'alambic, et qu'elle donne un précipité brun-jaunâtre par un courant d'hydrogène sulfuré. Pour bien nous assurer que l'étain trouvé dans nos analyses ne provenait pas de l'eau distillée du laboratoire, nous avons eu le soin de faire des essais comparatifs fréquents, et nous avons toujours constaté l'absence de l'étain dans notre eau distillée. TOME Xii, 1857.

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