Annales des Mines (1857, série 5, volume 12) [Image 59]

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ÉTUDES SUR LE MÉTAMORPHISME.

Le métamorphisme, si l'on prend ce mot dans son acception la plus générale, comprend toutes les altéra-. tions éprouvées par les roches. 11 embrasse des phénomènes extrêmement complexes, qui sont pour la plupart enveloppés d'une grande obscurité : aussi depuis longtemps a-t-on senti la nécessité de les diviser pour parVenir à les étudier. On distingue ordinairement : 1° le métamorphisme normal ou général, qui résulte de causes le plus souvent invisibes et qui s'est produit sur une très-grande échelle ; 2° le métamorphisme anormal ou plutôt spécial, qui résulte de causes accidentelles, mais visibles, et qui est le plus souvent limité à une petite étendue (1). Dans ce mémoire, je m'occuperai seule-. ment de ce dernier métamorphisme et plus particulièrement du métamorphisme dit de contact. S 2. Le métamorphisme de contact est le plus simple, Métamorphisme mais il présente encore un champ d'étude extrêmement de contact. vaste. Il comprend en effet les réactions mutuelles de deux roches contiguës. Je me contenterai d'examiner le cas où l'une des deux roches est à base de silicates, et peut être considérée comme éruptive. Cette roche éruptive a d'abord produit un métamorphisme dans la roche encaissante ; mais réciproquement aussi cette dernière a réagi sur la roche éruptive ellemême. Il y a eu à la fois action et réaction, c'est ce que M. Cotta appelle métamorphisme éverse et métamorphisme

inverse ; c'est encore ce que M. Fournet caractérise par les mots exomorphisme et endomorphisme. Toutefois les principaux effets doivent être attribués à l'action directe de la roche éruptive; car cette roche était à l'état plastique, tandis qu'il n'en était généralement pas de même pour celles à travers lesquelles elle pénétrait. (i) D'Archiac. Histoire des progrès de la géologie, t. V, série, p. 3.

ÉTUDES SUR LE MÉTAIVIORPHISME.

Une roche éruptive a d'ailleurs métamorphosé la roche encaissante, non-seulement au contact immédiat

et par une action directe, mais encore jusqu'à une grande distance, par des infiltrations d'eaux chargées de matières minérales, ou par des dégagements de gaz et de vapeurs (1). Elle a quelquefois donné lieu à la formation de gypse,

d'anhydrite, d'alunite. Dans certains cas, la dolomie paraît avoir aussi une origine éruptive. Enfin les filons métallifères ont souvent accompagné les éruptions des roches silicatées, qui peuvent elles-mêmes être imprégnées de minerais métalliques (2).

Cependant, je ne mentionnerai ces divers phénomènes qu'autant qu'ils s'observeraient au contact de la roche éruptive ; car ils ne résultent pas d'une action directe de la roche silicatée , et ils sont étrangers au métamorphisme de contact proprement dit. Le métamorphisme de contact offre du reste par luimême un grand intérêt; car il est bien évident et il ne saurait être révoqué en doute. Il s'observe dans un espace généralement très -limité , en sorte que la roche modifiante, la roche normale et la roche modifiée se trouvent réunies. On voit en même temps l'effet et la Cause ; aussi est-il possible de remonter de l'un à l'autre et d'expliquer les métamorphoses les plus complexes qui ont été éprouvées par les roches. Le Métamorphisme de contact est donc la base naturelle de toute recherche sur le métamorphisme. D'ailleurs, c'est à l' oeuvre qu'on connait l'artisan, dit le proverbe, en sorte que son étude doit évidemment jeter du jour sur l'origine encore si obscure des roches éruptives. (i) Élie de Beaumont. Note sur les émanations volcaniques et métallifères. (2) A. Burat. Traité des minéraux utiles.