Annales des Mines (1857, série 5, volume 11) [Image 101]

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RÉsue DES OBSERVATIONS RÉCENTES

Cette plasticité de la glace des glaciers est à son maximum lorsqu'elle est à la température de zéro ou de quelques degrés au dessous de zéro ; c'est la température habituelle de l'intérieur d'un glacier. Mais si l'on refroidit cette glace à-1 2° ou 150, sa propriété Température de l'intérieur d'un glacier.

plastique cesse, elle devient cassante. MM. Agassiz et Desor ont reconnu, en introduisant des thermométrographes dans des trous de sonde pra-

tiqués au glacier de l'Aar et les y laissant séjourner pendant- toute une année, que la température de l'intérieur se maintient très-voisine de zéro. A la profondeur de 5o à 6o mètres les résultats ont été o° o°, O°,2 o0,4. A la profondeur de 8 mètres la température est constante aux environs de zéro.

A la profondeur de 2 mètres le thermomètre n'est pas descendu en hiver au delà de-20,1. L'intérieur du glacier, à l'exception des couches voisines de la surface, jouit en été d'une température invariable qui est zéro. Les variations de température sont limitées à la zone superficielle. On voit par ces expériences que le froid des hiver ne pénètre pas dans l'intérieur de la masse; dès le mois d'octobre, la neige commence à couvrir le glacier, à combler les crevasses, à niveler sa surface, elle continue à s'y accumuler jusqu'au printemps et même jusqu'au commencement de l'été suivant; elle fait l'office d'un véritable manteau ; la neige tassée, avec la grande quantité d'air qu'elle renferme dans ses interstices est un des plus mauvais conducteurs; les froids extérieurs de o° 240, fréquents à cette hauteur pendant les mois de janvier. février et mars, comme on peut le voir dans les tables d'observations météorologiques du grand SaintBernard à 2.491 mètres ne pénètrent pas dans le glacier.

SUR LES GLACIERS.

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Les glaciers sont stratifiés dans toute leur étendue, depuis les névés supérieurs jusqu'à leur talus terminal. Ils sont formés de couches superposées les unes aux autres qui se trahissent à la surface par des zones d'affleurement. La stratification ne disparaît pas dans les endroits les plus crevassés et les plus bouleversés, elle persiste dans toutes les évolutions et les phases du glacier.

Chaque couche est séparée de celle qui lui est superposée par une ligne d'un blanc sale ou sombre qui provient d'un léger dépôt de sable ou de poussière interposé. Les contours des affleurements décrivent à la surface des lignes qui se modifient suivant la marche du glacier.

Dans la région supérieure, ces lignes sont à peu près transversales, puis elles décrivent une légère Courbe dont le sommet est tourné en aval, ensuite cet arc devient de plus en plus prononcé et prend une forme ogivale. Ces formes arquées et ensuite ogivales sont le résultat du mouvement des différentes parties du glacier. L'inclinarson des couches change également suivant le mouvement de translation. Dans la région supérieure les couches sont à peu près horizontales, puis elles se relèvent peu à peu pour devenir presque verticales vers le milieu du glacier, ensuite elles s'infléchissent insensiblement et redeviennent voisines de l'horizontale dans la région inférieure. Suivant MAI. Agassiz et Desor (, le passage des couches horizontales ou peu inclinées du névé aux couches presque verticales de la région moyenne des glaciers s'effectue selon toute apparence par suite du mouvement accéléré des assises inférieures. Une fois redressées, elles s'inclinent de nouveau en avant par suite du retard occasionné par le frottement du fond. »

De la stratification.