Annales des Mines (1857, série 5, volume 11) [Image 97]

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RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS RÉCENTES

SUR LES GLACIERS.

névé et de neige, mais de véritables glaciers il n'y en aurait pas. La nature a procédé par une autre voie : aussitôt que ces accumulations sont arrivées à une épaisseur suffisante, elles acquièrent de nouvelles propriétés, elles prennent du mouvement, elles s'écoulent dans les régions inférieures, en suivant les lois de la dynamique

Les glaciers du second ordre sont ceux qui ne descendent pas dans les vallées; ils restent suspendus aux flancs des montagnes, ils possèdent toutes les propriétés des grands glaciers, mais seulement dans des propor-

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et avec des formes que nous allons résumer tout à l'heure. Par cette loi prévoyante de la nature, les hautes régions qui reçoivent tous les ans un excédant de neige en sont ainsi débarrassées par une voie lente et conti-

nue; elles restent donc à peu près toujours dans la même situation, état d'équilibre qui s'établit par compensation; les neiges qui n'ont pas pu être fondues dans la région froide arrivent sous forme de glaciers dans une zone plus tempérée où elles se résolvent définitive-

Division

des glaciers.

ment en eau. Un glacier quelconque est donc une masse de glace douée d'un mouvement régulier de translation. De Saussure divise les glaciers en glaciers de premier ordre et en glaciers de second ordre. Les premiers comprennent ceux qui prennent naissance dans les plus liantes chaînes de montagnes ; ils descendent dans les vallées, les comblent en partie et ont alors une surface presque horizontale : de là le nom de mers de glace qu'on leur a donné. Il en existe dans les montagnes des régions boréales, dans les Alpes, le Caucase, l'Himalaïa. Parmi les glaciers de premier ordre appartenant au groupe du mont Blanc, du mont Rose et de la Jungfrau,

il y en a de 20 à 25 kilomètres de longueur, de quelques kilomètres de largeur et de plusieurs centaines de mètres d'épaisseur. Leur partie inférieure descend à

une altitude de 1.200, 1.500 à 1 .800 mètres

(I).

(t) J'ai vu au Palais-Royal dans la collection du prince Napoléon, parmi les objets rapportés de son voyage dans les men,

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tions réduites. Ils sont très-nombreux dans toute la chaîne des Alpes et dans les Pyrénées. Les neiges éternelles qui couvrent les sommets de la chaîne de la Sierra-Nevada en Espagne, particulièrement le Mula - Hacen et le Picacho de Vele.ta, qui en sont les pics les plus élevés (environ 5.5oo à 5.600 mètres), peuvent être considérés comme des glaciers de second ordre. Quand je visitai ces montagnes au mois de juin 1851, je trouvai aux neiges qui comblent les vallées supérieures exactement la même structure qu'aux névés des hautes régions des Alpes au point où ils commencent à se transformer en glace bulleuse. Les grands glaciers ne se forment dans les Alpes que lorsqu'il y a à l'origine de la vallée un cirque élargi à fond plat, situé au-dessus de 2.600 mètres. Cette dis-

Influence

des reliefs orographique.,

position en amphithéâtre de la partie supérieure des vallées permet aux neiges de s'y accumuler, de s'y emmagasiner en quantité suffisante pour alimenter un grand glacier. Ces neiges arrivent ainsi à une épaisseur de plusieurs centaines de mètres. A la. température de quelques degrés au-dessous de zéro, la neige au moment de sa chute n'est plus floconneuse, elle est poudreuse, farineuse, composée d'une infinité de petites aiguilles, de fragments de cristaux brisés, qui glissent les uns sur les autres comme des

grains de fécule. Dans cet état, elle ne s'attache pas du Nord en 856 un album de vues artistiquement faites dans lequel se trouve le croquis de plusieurs glaciers, entre autres celui de Justedalsbrac , qui est évidemment un glacier de premier ordre.

Influence

du vent.