Annales des Mines (1857, série 5, volume 11) [Image 57]

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SUR LES TORRENTS DES ALPES.

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ÉTUDES

serait inutile rieure à i centimètre, nous croyons qu'il moins d'enchaîner les blocs, pourvu qu'ils eussent au jusque dans 1/6 de mètre cube. Les cailloux entraînés volume donne 'cette partie du lit de déjection, et dont le éloignés sont bien une mesure de la force des eaux, 1/6 de d'avoir de pareilles dimenSions. Des blocs ayant mais non mètre cube pourraient être enfouis sur place, limites, il déplacés. Comme cet enfouissement a des point d'entasser sur le même serait toujours possible pour donner une quantité suffisante d'enrochements On peut évaluer à au barrage une base inébranlable. qui seraient 5 mètres cubes le volume des enrochements rendre l'ouconsommés par mètre de longueur pour environ le prix du vrage inalluillable, et à 7 francs estimation , que mètre cube mis en place. D'après cette maximum, le mètre counous considérons comme un des quatre rant reviendrait à 55 francs. La longueur dépense serait barrages réunis étant de 1.575 mètres, la environ 6. 000 fr. de 55.125 francs. Il faudrait y ajouter longueur de 9oo pour relèvement de digues sur une qui porterait la dépense totale à

à i.000 mètres, ce

les sommes

61.125 francs. Elle n'est pas exorbitante, car des inondadéjà englouties pour réparer les désastres sécutions et donner à la plaine du Bourg-d'Oisans une

rité qu'elle n'a pas encore, s'élèvent à plusieurs cen-

Applicati, aux rivièees totriq/

taines de mille francs. affligent les yeux Les rivières torrentielles des Alpes qu'elles ont envahis. par l'aspect des espaces immenses spacieuses changées en plages de En voyant des vallées s'empêcher stériles , on ne peut gravier complètement terrain aussi de regretter et même de s'étonner qu'un précieux soit perdu sans qu'on fasse rien pour le conenquérir. La rivière n'occupe jamais son domaine en grandes crues; elle se tier, même au moment des plus

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porte alors tantôt d'un côté, tantôt de l'autre , et comme si l'espace abandonné à ses divagations ne lui suffisait pas, elle attaque souvent les berges avec fureur. Cet

état de choses, si triste, tient à ce que beaucoup de grands torrents des Alpes ont pour lit de déjection la rivière même qui reçoit leurs eaux. Celle-ci s'encombre

à chaque crue, et il lui est impossible d'avoir un lit permanent. L'endiguement et la rectification sont des remèdes inefficaces, par les raisons qui ont déjà été développées. Quelques travaux que l'on entreprenne, on ne fera jamais qu'un cours d'eau, dont la pente n'est que de quelques millimètres, puisse charrier autant de matières que l'ensemble de ses affluents, qui ont une inclinaison moyenne de 5 à 6 centimètres, et quelquefois plus. Il y a là une impossibilité physique contre laquelle il est inutile de lutter. S'il en est ainsi, il faut accepter ce fait et s'arranger de manière à en diminuer autant que possible les inconvénients. Le meilleur système à suivre pour cela nous paraît être de partager le cours d'une rivière torrentielle en un certain nombre de bassins successifs, alternativement destinés à servir, les uns de lit de déjection, les autres de lit d'écoulement. On arriverait à cette division eu construisant en travers de la rivière, de distance en distance, une série de grands

barrages submersibles convenablement placés. Les lits de déjection seraient en amont des barrages, et les lits d'écoulement immédiatement en aval. Les eaux divagueraient librement dans toute l'étendue des premiers; elles seraient au contraire encaissées dans le parcours des seconds. Quant au raccord de chaque lit d'écoule-

ment avec le lit de déjection situé au-dessous à une certaine distance, il se ferait d'une manière insensible, ainsi que cela a lieu dans la nature entre les canaux de réception et les lits de déjection qui viennent après.