Annales des Mines (1857, série 5, volume 11) [Image 29]

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ÉTUDES

SUR LES TORRENTS DES ALPES.

quefois , pour se garantir, on élève autour des lits de

ment de l'eau, soit enfin en diminuant le rapport qui

déjection des digues ou des murs épais ,et l'on se

existe entre le périmètre mouillé et la section (1). Presque jamais on ne peut modifier directement la pente d'un cours d'eau. Il faudrait pour cela des remblais et des déblais énormes inexécutables dans la pratique. Mais si le lit est sinueux, on peut le rectifier et accroître ainsi sa pente en diminuant son développement. Par la même opération , on supprime les coudes qui ralentissent la vitesse. Pour diminuer le l'apport du périmètre mouillé à la section, il faut resserrer le lit entre des clignes; c'est ce qui constitue l'endiguement. Ce moyen d'augmenter la puissance d'entraînement d'un torrent est le plus énergique; car, outre que l'eau acquiert plus de vitesse, sa profondeur devient plus grande.

hasarde à cultiver les terres abritées derrière. De pareils travaux ne constituent point une défense. Outre que l'on abandonne au torrent tout le terrain qu'il a conquis, on est obligé, à mesure que les déjections s'exhaussent, d'élever en même temps le mur d'enceinte; le danger et les dépenses vont toujours en croissant. 11 n'y a qu'un seul moyen efficace de combattre un lit de déjection, c'est de le supprimer. Deux procédés D'après la théorie du lit de déjection, on n'a le choix pour la défense. qu'entre deux procédés pour arriver à le supprimer. Le premier consiste à augmenter assez la puissance d'entraînement du torrent dans la traversée du lit de déjection pour qu'il puisse transporter plus loin toutes les matières qui y sont amenées. Ce procédé est celui que l'on emploie actuellement lorsqu'on cherche à se garantir. Nous en ferons ressortir tout à l'heure l'insuffisance et les dangers. Le principe du second procédé est tout différent. Nous l'énoncerons ainsi : retenir dans la partie supérieure du

cours du torrent assez de matières de transport pour que celles qui arriveront dans le lit de déjection ne dépassent pas la quantité maximum que les eaux peuvent charrier jusqu'à la rivière. Ce procédé n'offre pas les mêmes inconvénients que le précédent, et dans la plu-

f" procédé ses défauts.

part des cas il est d'une application plus sfire. Nous croyons , par conséquent, qu'il doit lui être substitué. L'art ne possède qu' un seul moyen d'augmenter la puissance d'entraînement d'un torrent dans une partie déterminée de son cours, c'est d'accroître sa vitesse. On accroît la vitesse d'un cours d'eau soit en augmentant la pente, soit en faisant disparaître les contours brusques et les autres obstacles qui gênent le mouve-

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En résumé, la rectification et l'endiguement, tels sont les moyens employés généralement aujourd'hui pour faire cesser l'exhaussement des lits de déjection. On peut faire plusieurs reproches à ce système de défense. Le premier est son insuffisance fréquente; en effet, il y a ordinairement une telle différence de pente entre les gorges d'où descendent les torrents et les plaines où s'étalent leurs lits de déjection, que, quoi que l'on fasse, il y a toujours en ce point une diminution notable dans la puissance d'entraînement. L'augmentation de vitesse que l'on obtient par l'endiguement et la (1) Il existe encore un autre moyen d'augmenter la vitesse d'un cours d'eau torrentiel, mais il est d'un usage très-restreint : il consiste à faire disparaître les frottements dus aux aspérités de son lit. On y parvient en construisant un pavé à surface unie

et bien dressée sur lequel l'eau et les matières de transport glissent facilement. Ce procédé, qui évidemment n'est applicable qu'aux petits torrents habituellement à sec, est souvent employé dans la vallée de l'Isère.