Annales des Mines (1857, série 5, volume 11) [Image 25]

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SUR LES TORRENTS DES ALPES.

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ÉTUDES

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et d'un poids consiA des blocs de rocher d'un volume dérables (1). »

saisissant de Il n'y a rien à ajouter à ce tableau si

qu'on ne saurait vérité. Nous ferons seulement observer torrentielles à la rupen général attribuer les débâcles place, puisque ture de barrages formés de roches en phénomène ne se reproune fois l'obstacle détruit , le L'obduirait plus; ce qui est contraire à l'observation. chaque cas struction du lit nous paraît résulter dans transport particulier de l'entassement des matières de partie la considérables dans la dont il existe des amas doit se rappeler plus élevée du cours des torrents. On

deux parties que les canaux de réception présentent qui se subdivisent distinctes , savoir les ramifications rochers nus et le en remontant jusqu'au sommet des moindre, et où vientronc dont la pente est beaucoup

les agents nent s'accumuler les fragments caillouteux que distinction de dégradation détachent sans cesse. Cette au dans les bassins appartenant est surtout très-nette sont trèspremier et au deuxième type, dont les parois Lorsqu'un inclinées et fournissent beaucoup de débris. comprend orage éclate dans un bassin de ce genre, on rapidité doivent descendre avec une que les filets d'eau

extrême le long des escarpements et en suivant les ramifications du canal de réception ; mais il n'en est

du tronc plus de même lorsqu'ils arrivent dans la partie Ici leur vitesse où commence l'accumulation des débris. brusque, soit parce que la pente éprouve une variation soit surtout à cause de la résisest beaucoup moindre, tance que les menus fragments de rocher et les blocs entassés présentent à l'écoulement de l'eau. Ces matières, poussées confusément par le courant, gênent sa (,) Saussure. Vomies clans les Alpes, 2 485.

marche et donnent lieu, en s'amoncelant, à une espèce de barrage mobile, qui d'abord se meut avec lenteur et permet par conséquent aux filets liquides qui continuent à affluer derrière, de s'agglomérer et d'acquérir un volume énorme. Enfin la débâcle a lieu. Les matières amoncelées et l'eau qui leur sert de véhicule ne forment plus qu'une seule masse, dont la vitesse, en s'accélérant, devient quelquefois prodigieuse. Douée d'une force impulsive irrésistible, ainsi que le fait remarquer de Saussure, elle s'assimile en roulant tout ce qui se trouve sur son passage. Elle entraîne des quartiers de rocher, déracine des arbres, et ne s'arrête que dans le fond des vallées, en produisant toutes les dévastations qui ont été décrites. Un fait qui nous a été certifié par toutes les personnes bien placées pour observer les torrents , vient à l'appui de la théorie précédente. Les crues excessives dont les caractères sont résumés par les mots irruption, avalanche , débeicie, employés plus haut , n'arrivent ordinairement que lorsqu'une averse épaisse succède à une longue sécheresse. Si cette averse a été précédée de plusieurs petites pluies ayant donné lieu à des crues modérées, la crue excessire qui vient après perd son caractère irruptif et n'occasionne pas de ravages. Si, comme nous le croyons, cette remarque est vraie, ne

doit-on pas en tirer cette conclusion que les pluies médiocres , en entraînant au loin les détritus pulvérulents et les menus fragments de rocher qui s'entassent

journellement dans le lit supérieur des torrents, ont pour effet de nettoyer le canal de réception et de rendre plus difficiles les agglomérations d'eau et de cailloux, causes des débâcles? Ce que nous venons de dire nous conduit à l'examen Effets opposes sur les d'un fait très-remarquable , celui de l'action opposée des es dcdreudeej