Annales des Mines (1856, série 5, volume 9) [Image 280]

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CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

La chaux en excès agissant en présence de l'eau déplace l'alumine pour se combiner avec la silice et forme du silicate de chaux hydraté, en se combinant en même temps avec l'alumine pour produire de l'aluminate également hydraté. Ces réactions sont exclusivement théoriques, c'est-à-dire que ce sont celles qui doivent avoir lieu d'après les propriétés connues de la silice, de l'alumine et de la chaux. L'action est progressive et ne

peut être terminée qu'au bout d'un temps très-long,

li

qui peut varier entre des limites fort étendues, de plusieurs mois à plusieurs années, suivant les conditions, état chimique et physique de l'argile, excès de chaux employée, intimité du mélange, et surtout avec l'excès d'eau qui tend à dissoudre la chaux et par suite à diminuer son action. On ne peut s'arrêter à la formation d'un silicate d'alumine et de chaux, parce que l'alumine se comporte comme acide en présence d'une base plus énergique ; du moment que l'argile est attaquée, ce qui est bien démontré par l'expérience, la silice et l'alumine doivent se comporter avec la chaux d'après leurs affinités chimiques. La seule incertitude qui puisse subsister est relative à la combinaison possible du silicate avec l'aluminate de

chaux; l'analyse nous semble impuissante à résoudre cette incertitude, qui n'a pas en réalité une très-grande importance d'application. Voyons maintenant quelle peut être l'action lente de l'eau sur ces deux composés, silicate et aluminate de chaux, isolés ou combinés ensemble. L'alumine étant un acide encore plus faible que la silice, est plus facile-

ment déplacée par l'eau de sa combinaison avec les hases, et par suite il est probable qu'a là longue l'eau enlèvera au moins une partie de la chaux à l'alumine.

SUR LES MATÉRIAUX HYDRAULIQUES.

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Pour cette réaction nous pouvons citer des expériences directes faites au laboratoire : dans les précipitations de l'alumine en présence des sels de chaux, entraîne à l'état de combinaison chimique une propor-

tion de chaux d'autant plus faible que la liqueur est plus étendue, ce qui permet de conclure presque avec certitude que l'eau en grand excès pourra aussi enlever de la chaux à l'aluminate de chaux. De là résulte 10 Que dans les mortiers formés par des mélanges de chaux et d'argile, on ne peut espérer une prise solide et durable, que si toutes les actions chimiques de la chaux sur l'argile sont parfaites avant l'immersion ;

c'est-à-dire qu'il sera indispensable de faire digérer longtemps les matières mélangées, en présence d'une proportion d'eau assez grande pour faciliter les réactions, assez faible pour qu'il ne puisse pas se former de silicates et d'aluminates hydratés. .2° Qu'un mortier de cette nature, préparé avec toutes

les précautions convenables, ayant fait bonne prise après l'immersion, renfermera, s'il est perméable à l'eau, une cause de désaggrégation lente, l'action dissolvante de l'eau sur la chaux de l'aluminate, action à laquelle il faut ajouter celles de l'acide carbonique et des sels de magnésie contenus dans l'eau de mer. La conservation du mortier exigera donc que l'eau ne puisse

pas facilement le traverser et se renouveler dans son intérieur. Le mortier devra donc être compacte ou protégé par une couche extérieure de carbonate de chaux, de coquilles, d'herbes marines, etc. Les mortiers composés de chaux et de pouzzolanes doivent donner lieu à des réactions encore plus complexes , sur lesquelles nous reviendrons bientôt; les actions principales sont celles que nous avons considérées