Annales des Mines (1855, série 5, volume 7) [Image 100]

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présente, auprès de la ville du Saut-Sainte-Marie, des rapides qui interrompent la navigation, et que les Canadiens. se hasardent seuls à descendre dans des pirogues en écorce. Au-dessus des rapides, le courant de la rivière est peu sensible, mais au-dessous il est trèsfort dans les endroits où les rives sont rapprochées. Les grands navires à vapeur éprouvent des difficultés

à suivre le chenal souvent peu profond, et touchent assez fréquemment sur le sable.

La ville du Saut-Sainte-Marie, située au pied des rapides, est bâtie sur l'emplacement d'un ancien village indien et de la Mission des jésuites, nommée SainteMarie- du-Sault. Elle doit son importance à l'activité des explorations de mines et à sa position, qui lui permet

de servir d'entrepôt entre les ports du lac Érié et Détroit et le lac Supérieur. Tous les objets nécessaires à la vie et aux travaux des mines arrivent au Saut-Sainte-Marie, et sont transportés par terre, sur un chemin de fer, jusqu'au-dessus des rapides, et là sont embarqués sur les navires à vapeur qui font le service du lac Supérieur. De même les produits des mines sont déchargés au-dessus des rapides, et sont amenés par le chemin de fer jusqu'aux quais de la ville. Le chemin de fer a plus de 1,600 mètres de longueur, et rend les transports assez économi-

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VOYAGE AU LAC SUPÉRIEUR.

VOYAGE AU LAC SUPÉRIEUR.

ques, mais le chargement et le déchargement aux deux extrémités sont extrêmement onéreux. Cette condition défavorable va bientôt cesser : une compagnie anglaise, propriétaire de vastes terrains dans la région métallifère du lac, a construit un canal long de 1.6oe mètres, avec une seule écluse, dont les dimensions sont appropriées aux proportions gigantesques des bateaux à vapeur des lacs. Dès le mois de juin 1855, le canal doit être ouvert à la navigation et permettra aux grands na-

vires du - lac

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Érié de pénétrer jusqu'aux ports de la

pointe de Keweenaw. Il en résultera pour les entreprises de mines une impulsion très-vive , non-seulement par

l'abaissement des frais de transport, mais encore et surtout par la plus grande activité de la navigation. Les arrivages seront faciles, tandis que maintenant ils sont fort incertains et très-irréguliers. Les deux lacs Huron et Michigan., dont le niveau est sensiblement le même, communiquent entre eux par le large détroit de Makinaw. La navigation à vapeur et à voiles est extrêmement active sur. ces deux lacs, bien que leurs bords soient presque inhabités. Entre Chicago, au fond du lac Michigan, et les ports du lac Érié, les navires de toute dimension font une concurrence heureuse au chemin de fer, preuve bien évi-

Makinaw.

dente du développement inouï que prennent les défrichements dans l'Ouest.

La rivière de Détroit, assez large et profonde, réunit le lac Huron au lac Érié : son courant est peu rapide, en raison de la faible différence de niveau des deux lacs. Vers le milieu de la rivière, le lac Saint-Clair présente de grands obstacles à la navigation. Ses eaux sont peu profondes, et dans les passes tortueuses et difficiles les bâtiments ne rencontrent pas plus de 2 à 5 mètres d'eau. Il faut ajouter encore que le chenal est assez mal indiqué et souvent obstrué par des centaines de navires. Les grands bateaux à vapeur, jaugeant deux mille tonneaux et plus, qui naviguent entre les ports du lac Érié, le Saut-Sainte-Marie et Chicago, s'échouent trèsfréquemment dans le lac Saint-Clair; ces accidents sont peu dangereux en raison de la nature du fond (sable très-peu argileux) ; mais ils causent des pertes de temps considérables. Le mouvement commercial de l'ouest occupe plu-

Détroit.

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