Annales des Mines (1855, série 5, volume 7) [Image 96]

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VOYAGE AU LAC SUPÉRIEUR.

Il résulte des relations écrites par les P P. jésuites, que les tribus indiennes venaient à certaines époques exploiter le cuivre natif sur les côtes du lac Supérieur, et que leurs chefs religieux se réservaient la direction des entreprises comme un moyen d'influence : les missionnaires rapportent un grand nombre de légendes et de traditions superstitieuses répandues parmi les Indiens, auxquels leurs chefs recommandaient le plus grand secret vis-à-vis des étrangers. Plusieurs missions furent établies par les jésuites au Saut-Sainte-Marie, à Makinaw, à la Pointe, etc..., toutes en des localités admirablement choisies. Sur leurs indications, le gouverneur de la Nouvelle-France, M. de Talion, fit prendre possession de tous les territoires au nom du roi. Cette cérémonie fut accomplie au mois de mai 1,671, au Saut-Sainte-Marie, par M. de Lussan, en présence du Père Marquette et d'une nombreuse réunion des tribus indiennes. Les efforts des missionnaires, la prise de possession au nom du 'roi, furent complétement stériles : la contrée passa entre les mains de l'Angleterre en 1763, en même -temps que le Canada ; la génération actuelle n'a conservé d'autre souvenir des Jésuites et de la France

que des traditions sur les richesses en cuivre et la langue française, que les ouvriers canadiens parlent encore avec la plus grande pureté. L'Angleterre n'eut jamais qu'une souveraineté nominale sur les terrains voisins du lac Supérieur et du lac Michigan, terrains qui furent annexés aux États-

Unis après la guerre de l'Indépendance. La ligne de démarcation entre les possessions anglaises et américaines est tracée sur la carte que je joins à mon mémoire (Pl. VI). Elle coupe à peu près par la moitié les lacs Ontario, Érié, Huron et Supérieur.

VOYAGE AU LAC SUPÉRIEUR.

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Bien des voyageurs ont parcouru le Canada et ont pu recueillir des renseignements sur les richesses minérales exploitées par les Indiens sur les bords du grand lac. Le baron de la Houton, le professeur suédois Peter Kahn, Charlevoix, Hennepin, Hériat, Henry, etc., ont

publié des relations plus ou moins exactes des mines de cuivre du lac Supérieur, que cependant ils n'ont point tous visité. On doit remarquer particulièrement les Voyages de Henry, publiés à New-York en 1809. Henry, négociant anglais, fit plusieurs voyages au lac

Supérieur, et dirigea deux tentatives d'exploitation, l'une en 1772 dans la contrée d'Ontonagon, l'autre en 1775 sur la rive nord du lac. Ces travaux n'ont donné aucun résultat; mais il est important de constater que la première tentative d'exploitation des mines de cuivre a été faite par un Anglais.

Henry parle dans ses relations de voyages d'une masse de cuivre en évidence sur les bords de la rivière Ontonagon , et connue sous le nom de Copper-Rock. Elle a été transportée dernièrement à Washington devant le département de la guerre. L'existence de l'argent natif n'avait pas échappé à la sagacité de Henry, qui la signale dans ses mémoires.

Après la prise de possession par les Américains, l'attention du gouvernement se porta vers ces régions, 'que les relations des voyageurs présentaient comme étant d'une richesse extraordinaire en cuivre et en argent. Deux explorations furent ordonnées successivement par le département de la guerre : l'une conduite par le général Cass, en 1819, l'autre sous la direction du major Long, en 1825. Toutes les deux eurent pour objet l'étude des rives méridionales du lac Supérieur et les bordsdu Mississipi. Les résultats obtenus ont été publiés dans le recueil