Annales des Mines (1854, série 5, volume 6) [Image 246]

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DE ZERMATT.

PEROWSKITE

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A l'aide d'une loupe, on aperçoit sur l'un de ces échantillons, une druse tapissée de cristaux cubiques transparents et incolores. NOTICE SUR LA PEROWSKITE DE ZERMATT , ESPÈCE MINÉRALE. Par M. DAMOUR.

M. Hugard , aide naturaliste au Muséum d'histoire naturelle de Paris, a rapporté, à la fin de l'automne dernier, des minéraux recueillis dans diverses parties de la Suisse et particulièrement dans la vallée de Zermatt, au pied du mont Rose et du mont Cervin. Parmi

ces minéraux, on remarque une substance en masse compacte, demi-transparente, douée d'un éclat qui la distingue des autres espèces déjà connues dans cette contrée des Alpes.

M. Hugard m'ayant prié d'en faire l'examen, je reconnus, après quelques essais, qu'elle devait être rapportée à l'espèce que M. G. Rose a décrite il y a plusieurs années sous le nom de Pérowskite. Cette matière minérale, essentiellement composée d'acide titanique et de chaux, est encore assez rare dans les collections de Paris et n'avait été rencontrée jusqu'à ce jour que dans

un seul gîte, celui d'Achmatowsk près Slatoust , en Sibérie. Les échantillons de pérowskite, trouvés près de Zermatt , au glacier de Findelen, sont en masse réniforme.

Leur couleur est le jaune pâle, jaune de miel et jaune orangé, paSsant quelquefois au brun rougeâtre. Ils sont demi-transparents ; certains fragments de peu d'épaisseur, détachés de la masse, présentent même une transparence complète.

Ce minéral est doué d'un vif éclat qui peut être comparé à celui du sphène ou du zircon. Sa cassure est ordinairement raboteuse et inégale ; cependant elle

présente parfois deux clivages rectangulaires, sans grande netteté. J'ai trouvé, pour sa densité, les nombres : 4,057, 4,039.

Il raye l'apatite et est rayé par une pointe d'acier. Sa poussière est blanche. Exposé à la flamme du chalumeau il reste infusible et ne change pas d'aspect. Fondu avec le sel de phosphore il se dissout complètement et donne, au feu de réduction, la couleur bleueviolacée qui caractérise l'oxyde de titane. Il est attaqué par l'acide chlorhydrique, à chaud, et s'y dissout partiellement. L'acide sulfurique porté à la température de + 3oo degrés le décompose entièrement en dissolvant l'acide titanique et en formant du sulfate de chaux. L'acide azotique ne l'attaque pas. Le barreau aimanté est quelquefois attiré plus ou moins fortement lorsqu'on en approche un échantillon de perowskite. Cet effet est dû à la présence accidentelle de petits cristaux de fer oxydulé ou de fer titané qui se trouvent engagés dans la masse du minéral mais si l'on renouvelle l'expérience avec des fragments choisis avec soin dans les parties pures et transparentes de la substance, le barreau aimanté cesse d'être attiré. J'ai observé les mêmes caractères sur des morceaux de perovvskite provenant de la Sibérie. TOME

VI, 1854.

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