Annales des Mines (1853, série 5, volume 3) [Image 345]

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EXTRAITS

DE MINÉRALOGIE.

M. Durocher (i) a donné les résultats généraux d'expériences qu'il a entreprises pour produire artificiellement, par voie sèche, les principaux minéraux contenus dans les gîtes métallifères.

veinent à cette méthode, que dans la voie humide a l'élévation » de température produit toujours une tendance à la déshydra» tation ; le milieu liquide en retarde peut-être l'effet, mais il

Dans la formation des !files métallifères, il est intervenu deux sortes d'émanations : les unes motrices contenant des métaux généralement à l'état de chlorures ; les autres fixatrices, renfermant un radical destiné à fixer les métaux ; ordinairement c'était le soufre. i. Duroeher a fait arriver dans des tubes de verre chauffés de ioo0 au rouge sombre, des courants de gaz et de vapeurs métalliques (le plus souvent des chlorures, mais quelquefois aussi d'autres composés ) : il a obtenu ainsi de beaux cristaux semblables aux minéraux contenus dans les gîtes métallifères. Ces cristaux appartiennent aux mêmes systèmes cristallins que les substances naturelles ; ils ont la même couleur et le même éclat. M. Durocher a constaté que l'hydrogène sulfuré qui ne décompose pas les dissolutions de fer, de zinc, etc., change trèsfacilement en sulfures les chlorures de ces métaux, lorsqu'ils sont à l'état de vapeurs. Il a pu obtenir ainsi de la blende et une pyrite de fer qui est magnétique et hexaédrique comme la pyrite magnétique naturelle. Il a obtenu également la ga-

lène, le sulfure de cuivre, le sulfure d'argent, le sulfure de bismuth, le sulfure d'antimoine : ce dernier a formé des cristaux d'un demi-centimètre de longueur sur un demi-millimètre de largeur, qu'il est presque impossible de distinguer du sulfure naturel. En faisant intervenir à la fois plusieurs courants de vapeurs, M. Duro cher a produit des sulfures multiples contenant de l'arsenic et de l'antimoine. Il a produit également des oxydes métalliques comme l'avait déjà fait M. Daubrée et en outre des sulfates ainsi que des carbonates, notamment du sulfate de baryte et du carbonate de fer. Voie humide. Minéraux des gîtes

métallifères.

M. II. de Senarmont (2) a continué ses recherches sur la formation par voie humide des minéraux des gîtes métallifères. La méthode qu'il a suivie est celle qu'il avait employée antérieurement (5).

M. de Senarniont remarque d'une manière générale relatiComptes rendus de l'Académie, t. XXXII, p. 823. Annales de chimie el de physique, 3° série, t. XXXII, p. 129. Annales des mines 4< série tome XIX. Extraits, p. 262.

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» ne paraît pas exercer par lui-même une très-grande in» fluence.

» Les corps déshydratés deviennent quelquefois aptes à » entrer, à l'état naissant, en combinaison avec quelque Me-

» ment nouveau qui remplace l'eau éliminée. Lorsque cet élément se trouve dans le milieu, naturellement ou en vertu » d'une pression qui l'y maintient, il se produira des composés

permanents qui n'auraient pu prendre naissance dans des circonstances différentes, mais qui persistent une fois formés » et peuvent même être très-stables. Tel est évidemment l'origine de beaucoup de sulfures et de carbonates. » L'excès de soufre des polysulfures alcalins les abandonne facilement, et ces polysulfures seront en général d'énergiques agents de sulfuration. Toutefois leur action peut-être singulièrement modifiée par leur mélange avec les bicarbo» nates. Si l'on chauffe en vases clos une dissolution mixte de polysulfure et de bicarbonate alcalin, vers 200 degrés il n'y

» a plus simplement mélange, la solution se décolore et ne » paraît renfermer que de l'hyposulfite et du protosulfure avec

un excès d'acide carbonique en dissolution forcée; quand on ouvre le vase, cet acide carbonique, mêlé d'acide sulfhydrique, se dégage avec effervescence. On comprend donc que, suivant les proportions relatives du polysulfure et du » bicarbonate, le mélange agira comme sulfurant ou comme désulfurant avec une énergie variable. » M. de Senarmont a produit divers métaux natifs. Il a constaté

en effet que les dissolutions d'un sel d'argent ou de cuivre chauffées depuis 1500 jusqu'à 25o0 avec des matières combus-

tibles, se réduisent empiétement , les sels d'argent avant les sels de cuivre; l'argent et le cuivre se précipitent séparément en pellicules ou en filaments. M. de Senarniont a obtenu du quartz cristallisé en chauffant très-lentement à 200° OU à 3oo° de la silice gélatineuse dissoute dans de l'eau chargée d'acide carbonique. Pour mettre la silice

gélatineuse et à l'état naissant, en présence d'une dissolution très-chargée d'acide carbonique, il ajoutait dans des tubes de verre à une dissolution de bicarbonate de soude une ou deux gouttes de silicate alcalin et un excès d'orpiment ou de réalTOME III, 1855.