Annales des Mines (1853, série 5, volume 3) [Image 340]

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DE MINÉRALOGIE. EXTRAITS 666 des deux formes, dans le système cubique. Aux dix cas cités par M. Raulin , M. Nicklès en oppose dix autres, exempts de formes rectangulaires et comprenant toujours une forme cubique; il fait voir que sa proposition régit en général les corps

simples et les combinaisons peu complexes, tandis que la pro-

position de M. Raulin comprend, de préférence, les corps Dureté.

composés. Le procédé qui a été donné par Haüy pour comparer la du-

reté des minéraux laisse beaucoup à désirer, car la dureté d'un même cristal est variable avec la direction suivant laquelle on l'essaye. MM. Franhenheim (i), Seebeck et R. Franz (2) ont fait connaître divers procédés qui sont beaucoup plus exacts. La dureté d'un minéral est la force qui s'oppose à ce que ses

molécules soient séparées par un autre corps : elle est donc mesurée par la force nécessaire pour faire pénétrer un corps dans ce minéral. L'appareil employé par M. Franz est représenté en élévation par la fig. 5, Pl. IV : mn' est le minéral; il est assujetti sur la table ss' avec des vis y et avec de la cire, ou bien avec du plâtre ; sa face est placée horizontalement. La pointe p destinée à le rayer est en acier ou en diamant : elle s'adapte à un bras horizontal tel que ab qui se relie à angle droit à une tige également horizontale, laquelle réunit deux supports verticaux cd; chacun de ces supports cd est terminé à son extrémité inférieure par une roue extrêmement mobile e qui repose sur un rail fg d'un petit chemin de fer. Le cylindre qui porte la pointe p, est muni d'un crochet h auquel s'attache un fil passant sur la poulie ; ce fil soutient un plateau k destiné à recevoir des poids. La pointe peut être rendue plus ou moins lourde, selon que cela est nécessaire. La dureté est d'ailleurs mesurée par le poids qu'il faut placer dans le plateau k pour déplacer la pointe p. Pour les expériences qui exigeaient moins de précision, M. Franz s'est aussi servi d'un deuxième appareil qui différait du précédent en ce que la pointe p était fixe, tandis que la face du minéral dont on essayait la dureté recevait, au moyen d'une vis, un mouvement dans un plan perpendiculaire à la pointe : on déterminait alors uniquement le poids qu'il fallait placer sur la pointe pour qu'elle fît une raie sur la face du minéral. Zeilchrift fur Physik und Mathematik, t. IX. Vienne, 183 t. Poggendorff Annalen, t. LXXX, p. 37.

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Voici les principaux résultats obtenus : Dans la chaux carbonatée, la dureté est la plus grande, quand la pointe va de l'angle obtus du rhomboèdre à l'angle aigu ; cette direction est celle qui est désignée par 0° dans le tableau ci-dessous ; la dureté est au contraire la plus petite, lorsque la pointe va en sens inverse, c'est-à-dire suivant une direction qui forme un angle de 1800 avec la première. Le tableau qui suit, fait d'ailleurs connaître les poids qui mesurent les duretés pour des directions comprises entre o° et ifio"; on voit que ces duretés sont très-variables avec les directions suivant lesquelles elles sont prises Direction. 150

300 450 600. 750

Poids. gr. 12,87 12,25 11,12 9,87

90.

9,17 8,87 7,50

Direction. 1050. 1200

135.. 1050

165° 1800

Poids. gr. 6,75 6,80 6,10 5,20 3,90 3 80

Si on admet que la dureté est proportionnelle aux poids nécessaires pour rayer le minéral, on peut représenter cette dureté par une courbe polaire dont les angles seraient égaux aux

différentes directions et dont les rayons vecteurs seraient égaux aux poids qui mesurent les duretés : ainsi, en supposant que dans la chaux carbonatée, S soit l'angle obtus du rhomboèdre représenté par la fig. 6, Pl. IV, et S' son angle aigu, la courbe des duretés, dont le pôle est en p, aura la forme aber". L'expérience a montré que sur une même face d'un cristal les clivages déterminent les directions de la plus grande et de la plus petite dureté. Ainsi la dureté est la plus petite dans une direction perpendiculaire au plan de clivage; au contraire, la

dureté est la plus grande dans une direction parallèle à ce même plan de clivage.

La face d'un cristal qui possède la plus grande dureté est celle qui est coupée par le plan du clivage le plus facile. M. Franz a cherché ensuite à déterminer la dureté des différents corps qui servent habituellement d'échelle de comparaison. A cet effet, il s'est servi du deuxième appareil qui a été décrit. Il chargeait la pointe avec des poids jusqu'à ce qu'elle fît une raie visible à la loupe sur la face du minéral soumis à

l'essai. Quand cette face n'était pas assez brillante, elle était préalablement polie.