Annales des Mines (1852, série 5, volume 2) [Image 301]

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même pour les minerais et relaves d'argent , excellent objet de retour pour les navires, et dont le commerce anglais profite à peu près seul. Ainsi l'exportation des minerais d'argent qui n'était en 1845

que de 2.069 quintaux, et qui a augmenté progressivement pendant les années suivantes jusqu'en '850 où elle a été de 6.645 quintaux, s'est élevée tout à coup en 1851 à 20.506 quintaux ; c'est-à-dire que cet article a fourni un chargement commode et un bon frêt à plus de quinze navires d'un fort tonnage : et les relaves d'argent, c'est-à-dire certaines portions de minerais que les mineurs chiliens dédaignent comme n'ayant

qu'une teneur trop basse, et dont il existe, par cette raison des masses amoncelées depuis nombre d'années dans la province de Copiapo , de même qu'au Pérou et en Bolivie, n'ont pas donné, aussi en J.85i à l'exportation par navires anglais et américains moins de 21.281 quintaux, lorsqu'en 1846 l'exporta-

tion de ce gence de produit n'avait été que de 11 quintaux pour essais. Ces essais pratiqués en Angleterre, n'ayant d'abord

laissé que des résultats incertains, l'exportation arrêtée en 1847 et 1848, recommença en 1849, mais fut seulement de i60 quintaux. En 1850 elle s'éleva, par suite de l'empoi des meilleurs procédés à 785 quintaux, et enfin, en 1851 , à 21.281

quintaux, fait qui ne permet plus de douter du bénéfice réel que donne en Angleterre le traitement de ces sortes de métaux. Voilà donc un seul produit chilien qui a fourni à la naviga-

tion anglaise des chargements de retour pour près de cinquante navires d'un fort tonnage rien que pour l'année 1851; et comme ces minerais et relaves se trouvent en immense quantité, non-seulement au Chili, mais au Pérou et en Bolivie,

nul doute que le moyen de les traiter avantageusement en Angleterre étant trouvé, les Anglais n'en continuent l'importation chez eux , non moins au profit de leur industrie que dans

l'intérêt de leur navigation. Je dois faire observer toutefois que l'établissement, qui a eu lieu l'année dernière d'un chemin de fer du port de Capiapo au centre des mines de cette riche

province, donne un très-grand avantage à l'exportation des minerais chiliens sur ceux de la Bolivie et du Pérou, qu'il serait la plupart du temps difficile d'utiliser autrement qu'en les traitant sur place à cause de la difficulté et de la cherté des transports. Comment se fait-il que la France, où la science de la miné-

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597 ralogie et de la métallurgie n'est certainement pas en retard sur l'Angleterre, ne prenne aucune part à une exploitation qui serait aussi avantageuse pour elle sous tant de rapports? Comment nos spéculateurs, nos capitalistes et nos indus triels reculent-ils devant un emploi probablement aussi fructueux et aussi sûr de leur industrie et de leurs capitaux? Voilà ce qui ne saurait s'expliquer que par l'ignorance où l'on serait en France des faits qui viennent d'être exposés. (Extrait d'une dépêche de M. BLANCHARD , consul de France à Falparaiso, 26 juin 1852.)

Sur la production des métaux précieux en Russie. Le Journal des mines de Saint-Pétersbourg a publié dans sa dernière livraison le relevé du mouvement des métaux précieux à l'hôtel des monnaies de Saint-Pétersbourg^ en 185i. J'ai résumé les chiffres rapportés par le journal précité,

et j'en ai dressé le tableau ci-joint. J'ai pensé qu'au point de vue de la question de la production générale des métaux précieux, le relevé ci-joint pourrait ne pas paraître dépouvu d'intérêt. D'après M. de Tegobowski (Éludes sur les forces produtives

de la Russie), le produit en or pur de toutes les mines de la Russie ( tant de celles de la couronne que de celle des parti culiers) avait été En '845 de 1.572 ponds. En 1846 de 1.657 pouds. En 1847 de i.826 ponds. En '848 de 1.75' ponds. D'après le relevé ci-joint, ce produit n'aurait été en i85i que de 1.452 ponds (le pond vaut i6,58 kilog. ). Il résulte de cette comparaison que le produit de l'exploitation des mines d'or de la Russie a éprouvé une diminution qui a d'autant plus d'importance qu'elle doit sans nul doute être attribuée, sinon à

la dépréciation de l'or sur les marchés européens, du moins à l'effet de la concurrence des exploitations de mines d'or en Californie et en Australie. L'exploitation de l'argent, bien moins importante en Russie que celle de l'or, est au contraire en progrès. Le relevé ci-joint accuse en 1851 une production de 1.571 pouds pour les mines