Annales des Mines (1852, série 5, volume 1) [Image 221]

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EXPLOITATION DE LA HOUILLE

nir la masse supérieure, une série de piliers de grandeur variable, mais la plupart du temps assez faibles, car on avait toujours en vue d'enlever par chaque étage,

le plus de houille possible. Ces différents étages une fois exploités étaient abandonnés à eux-mêmes, remblayés avec des matériaux informes, le plus souvent

de la terre. Dans le premier cas , les piliers s'amincissant à la longue de plus en plus, par suite de la charge qu'ils avaient à supporter et de l'action de l'air ambiant, on les soutenait par des boisages : mais on sent qu'un tel moyen de soutènement ne faisait que retarder

leur chute : tôt ou tard il se produisait donc de vastes écrasés capables d'amener la ruine de plusieurs étages 'de là, formation de menus qui au bout de quelques Mois, s'échauffaient et occasionnaient des incendies spontanés fort difficiles à éteindre : il ne restait plus qu'à cerner par des barrages très-épais la partie de la mine incendiée, et toute la houille laissée en stots ou piliers dans les étages éboulés devenait la proie du feu. En outre, comme ces feux souterrains ne s'éteignent guère, on se trouvait avoir au-dessus des travaux en cours d'exploitation, un ennemi infatigable, qui tôt Ou tard finissait par les envahir, si toutefois on ne pouvait l'extirper par des travaux à ciel ouvert ; et malheureusement, dans la plupart des mines, un tel moyen était le plus souvent impraticable. Dans le deuxième cas, les piliers de charbon mis à l'abri du contact de l'air, et maintenus par les remblais remplissant les galeries tracées, ne s'amincissaient plus, et l'on n'avait plus à craindre les écrasés des étages supérieurs et les incendies qui en étaient la conséquence; mais on perdait une masse énorme de houille qu'on ne pouvait songer à enlever ensuite que par des travaux à ciel ouvert : or ce mode d'exploitation ne peut s'appli-

DANS LE BASSIN DE COMMENTRY.

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quel' qu'aux mines peu profondes et de très - grande puissance.

Dans les deux cas, pour peu que l'exploitation fût active, on atteignait assez rapidement de grandes profondeurs ; il fallait souvent déplacer les puits d'extraction , et par suite les machines, les appareils d'extraction, les embarcadères et les chemins de fer desservant chaque puits : or ces déplacements sont toujours onéreux et une cause d'embarras de toute nature. Il faut ajouter que ce système vicieux, en gaspillant les gîtes houillers, portait une grave atteinte à la richesse nationale. Ce mode d'exploitation a été suivi à Commentry pen-

dant fort longtemps ; là comme partout où il a été appliqué, il a occasionné des éboulements et des incendies.

Il est aujourd'hui remplacé par la méthode d'exploitation par remblais rapportés et complets. C'est ce système , en cours d'exécution depuis quelque temps, que je me propose d'exposer avec dé-

tails. Avant d'entrer en matière, jetons d'abord un coup d'oeil sur le bassin houiller de Commentry:

A l'inspection de la carte géologique (1) , en voit Bassin houiller de suite que le bassin houiller de Commentry est en- de Commentry. clavé dans une dépression des terrains anciens qui l'environnent et le terminent nettement de toutes parts. Une grande partie du terrain houiller est recouvert

par des terrains modernes, rapportés par M. Boulanger aux tertiaires : en quelques points, notamment près le château des Ferrières, aux environs de Cerclier, à l'un des angles de cette concession ; près de ChampFromenteau et du château de Saint-Front, dans la com(1) Voir la carte annexée à la statistique géologique de l'Allier, par M. Boulanger.