Annales des Mines (1851, série 4, volume 20) [Image 183]

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INFLUENCE DU SOUFRE 368 Je peux dès lors conclure, comme je l'ai .dit en

commençant, qu'il ne faut pas attribuer à la trop grande fusibilité seule, la tendance des minerais sulfureux à produire, dans leur traitement, des fontes blanches. La principale cause est la formation d'un sulfure de carbone, qui agit , en décar-

burant en partie les fontes, et en amenant un abaissement de température considérable par le calorique rendu latent par la volatilisation de ce produit.

J'ai dit plus haut qu'en fondant de la fonte

grise avec des proportions variables de pyrites, elle se détériorait , qu'elle était d'autant plus sulfureuse

que la proportion de pyrite était plus considérable; j'ai apporté des résultats d'essais à l'appui. 11 restait à savoir si, dans le cas où l'on agirait sur des minerais et non sur des fontes, cas du traitement au haut-fourneau, le même fait se reproduirait.

J'ai réduit alors 20 grammes de minerai de Privas avec 2 grammes de castine ; le tout mélangé à 0",40 pyrite, soit 2 p. ioo, dans un creuset

brasqué. La fonte a été refroidie très-lentement dans le creuset qui avait servi à l'essai; malgré cette précaution, le culot cassé était entièrement blanc et laissait apercevoir dans la partie en contact avec le laitier des plaques jaunes de sulfure de fer; dans toute son épaisseur il présentait de grandes cavités tapissées de cristallisations filamenteuses de sulfure de fer placées à angle choit. Dans les parties massives, la fonte avait un as-

pect grenu. En somme elle était très-mauvaise, très-cassante , ne fléchissant nullement sous le ma rt eau.

20 antres grammes du même morceau de mi-

SUR LA NATURE DES FONTES.

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nerai de Privas, réduits dans un creuset brasqué avec 2 grammes de castine et Ogr',20, Soit I p. 100

de pyrite, ont donné également une fonte trèsblanche, bien que toutes les précautions pour un refroidissement lent aient été observées. Le culot présentait encore, comme clans le cas précédent, de grandies cavités tapissées de cristallisations filamenteuses; la fonte était mauvaise , cassante ne fléchissant pas sous le marteau. Elle ne différait de la précédente que par les plaques jaunes

de sulfure de fer qu'on apercevait dans le premier essai à la jonction de la fonte et du laitier, et qui ne se trouvaient pas dans ce dernier cas. Pour être sûr que dans ce cas encore, c'est-àdire dans le traitement au haut-fourneau, les pyrites ou plutôt le soufre des pyrites était un obstacle à la formation d'une fonte grise, je traitai 20 gram-

mes du même morceau qui avait servi aux essais avec la même quantité de castine sans addition

de pyrites. La fonte obtenue était grise, sans cependant être graphiteuse. La fonte, brune, fléchissait sous le marteau, était parfaitement compacte à l'intérieur et ne laissait pas apercevoir, comme dans les cieux cas précédents, de cristallisations sulfureuses. J'ai cependant pu distinguer

à la loupe quelques petits filaments de cristallisation sulfureuse au point de contact du laitier et de la fonte; â l'analyse je n'ai obtenu que des traces de sulfate de baryte .si faibles que je les ai négligées.

J'ai repris les deux essais faits en réduisant du minerai de Privas en présence de la pyrite pour en doser le soufre et voir si dans ce cas e' ncore, en

agissant sur des minerais et non sur des fontes, ces -dernières seraient d'autant plus sulfureuses