Annales des Mines (1850, série 4, volume 17) [Image 169]

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RELATION DE LA DERNIÈRE

faire supposer le contraire. Outre que, du lieu rapproche ou j'étais, mon oreille ne pouvait me tromper, je restai plus affermi dans mon opinion en sentant que -le sol ne tremblait pas sous mes pieds, ou, s'il m'arrivait d'éprouver quelques légères secousses, elles provenaient, sans aucun

doute , du retentissement causé par les détonations; ces secousses étaient trop faibles-d'ailleurs

pour qu'on y pût voir l'effet d'une commotion intérieure proportionnée à la violence des coups .de tonnerre. Je restai quelque temps à examiner si chaque_ détonation. était accompagnée d'une éjection de roches, pour savoir si Pun et l'autre de ces phénomènes coïncidait avec une même explosion. Je n'obtins pas un entier succès dans cette recherche, car il me sembla souvent qu'aussitôt après que les pierre.s incandescentes étaient lancées avec dégagement de fumée, on entendait le tonnerre recommencer; en d'autres moments ,je crus remarquer que les deux effets étaient simultanés, mais en général les coups de tonnerre se renouvelaient plus fréquemment que les éjections de pierres. Rappelant à ma pensée les mugissements du cône intérieur que j'avais plusieurs fois entendus de près dans le cours des années précédentes, lorsqu'il montrait une activité à peu près égale à celle de la bouche d'éruption du 9 février, je trouve que ces mugissements ne ressemblaient en rien au roulement du tonnerre, mais qu'on devait plutôt les comparer au bruit causé par le choc des flots contre les écueils, ou par l'éboulement de grandes masses de rochers; si bien que, tenant. un juste compte de ces observations,

je suis porté à croire que le bruit entendu de !Naples même, pendant les 8 et 9 février, était

ÉRUPTION DU VÉSUVE.

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tout différent de celui qu'aurait produit la lave en fusion lancée avec explosion par la force élastique des matières gazeuses. Je l'attribuerais plutôt à de grandes décharges électriques ayant leur siége dans la fournaise supérieure du volcan, et tout à fait semblables aux coups de tonnerre particuliers aux orages, et résultant de la décharge des nuées. Il me semble en effet très-probable que les décharges eurent lieu , sinon toujours, du moins presque toutes les fois, an moment où la masse des vapeurs s'échappait aversviolence du sein des matières fondues qui les tenaient renfermées ,ainsi qu'on peut l'inférer de ce que j'ai exposé ci-dessus. Je persiste dans cette opinion, bien que dans cet espace de temps l'on n'ait observé aucun éclair d'electrici té parmi les tourbillons de fumée comme on l'avait vu presque toujours lors des principaux embrasements du Vésuve. Les décharges auxquelles j'attribue le tonnerre que faisait entendre le volcan avaient leur siége dans l'intérieur même de la bouche d'éruption. Du lieu où je m'étais placé pour contempler de

près la cime retentissante de la montagne, il

m'était bien facile de reconnaître les particularités que présentait la large crevasse dont j'ai fait mention un peu plus haut. Elle ressemblait à un grand

éboulement plutôt qu'a une fente résultant de l'ouverture longitudinale des flancs du grand cône.

A la partie supérieure , autant que la simple vue inc permit d'en juger, elle avait environ 3oo mètres de large ; et: sa profondeur était d'un peu plus de 4o mètres. Le Fond était large, légèrement concave et parsemé de gros blocs qu'on reconnais

sait aisément:. pour être tombés des parois latérales. Son flanc occidental se courbait en une profonde