Annales des Mines (1850, série 4, volume 17) [Image 94]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

ENGLOUTIS DANS UNE MARNIERE.

SAUVETAGE DE DEUX OUVRIERS

186

été confirmées de manière à ne pas me laisser de do u tes.

Seulement 'comme je savais que je n'étais pas encore à un niveau asse bas, je voulus percer une galerie inclinée pour gagner un peu de temps ; dès le premier mètre, je trouvai un lit épais de-silex, extrêmement dur, placé horizontalement et que nous traversâmes dans le sens vertical, c'est-à-dire suivant une ligne aussi courte que possible. Nous approchions alors de la profondeur de seize brasses, et sachant les habitudes des marneurs de ce département, je ne doutai ,pas que l'extraction de la marne avait été faite dans la première couche exploitable qui se trouverait au-dessous du banc siliceux qui avait dû être réservé pour former le toit de l'excavation. Avec quelque peine nous parvînmes enfin dans cette couche, et peu après nous retirions vivants, du tombeau où ils étaient engloutis depuis six jours, les deux malheureux,

objets de notre sollicitude.. M. Rollet, mon premier garde-mines, m'a se-

condé dans toute cette afildre avec le même zèle et la même constance que M. Gosselin ; comme lui il était toujours prêt.,.quelque pénible que fût le service que je lui demandasse. Je suis persuadé que s'il s'était trouvé à la place de son collègue,

il aurait montré le même dévouement ; niais le hasard qui a fait que M.Gosselin était de garde au bord du puits au moment où il fallait montrer lé plus d'énergie a mis celui-ci plus en relief.

Pendant la nuit du 7, la journée du 7 et la partie de la nuit suivante, qui s'est écoulée jusqu'à la délivrance, messieurs

Dumesnil, juge de paix du canton de Saint-

Romain ;

Hachard, médecin, demeurant à Saint-Romain, Loinel , ancien pharmacien, demeurant près de Saint-Romain , et qui nous avait apporté divers cordiaux

Vautier, maire de Saint-Vincent Et Vaudry, directeur de l'exploitation et neveu de madame Bréard, n'ont pas quitté d'un instant la hutte qui recouvrait l'entrée de notre puits; Ils ont entouré des meilleurs soins les pauvres ressuscités, et après les avoir placés sur des civières envoyées à l'avance par M. le juge de paix, ils les ont accompagnés jusque chez madame Bréard, où ils les ont déposés dans une salle spacieuse chauffée et préparée à l'avance par cette dame si bonne et si charitable. Pendant toute la durée du sauvetage, la ferme de madame Bréard, ses domestiques, commandés avec un zèle infatigale par M. Vaudry,, ses chevaux, tout son bien enfin, étaient prodigués à ceux qui en avaient besoin pour aider à l'entreprise. Ces

puissants auxiliaires, sur lesquels il n'était pas permis de compter à l'avance, ont en très-grande partie suppléé au service de surveillance que j'en-

tendais organiser avec la force que j'avais demandée.

La gendarmerie, commandée par le brigadier

Moinard nous a été d'une immense utilité, en faisant son service avec un zèle admirable et plein de dévouement. Toujours prête à courir à travers

la campagne par le temps le plus affreux et les nuits les plus noires , elle a surtout contribué à empêcher que nos travaux ne fussent interrompus dans la nuit du G au 7, pendant laquelle la peur désorganisait notre atelier. Les ouvriers se sont en général bien conduits.