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Annales des Mines (1912, série 11, volume 2)

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LE GISEMENT ASPHALTIQUE DU VAL DE TRAVERS

bronzes et fut même employé au carénage des vaisseaux de la Compagnie des Indes. Mais, après Eyrinys, la vogue de l'asphalte tomba peu à peu, l'exploitation passa en diverses mains et devint insignifiante. La mine était alors régie par le droit coutumier neuchâtelois, d'après lequel l'asphalte, comme les métaux et le sel, faisait l'objet d'un droit de régale du souverain. L'exploitation se faisait sur concession temporaire de l'État, moyennant une redevance annuelle infinie (4 louis), que, néanmoins, les concessionnaires trouvaient onéreuse. La mise en exploitation du gisement de Seyssel attira de nouveau l'attention sur le gisement du Val de Travers. En 1837, M. Antoine Brémond de SaintPaul, après s'être convaincu de l'importance de la mine, > racheta aux trois entrepreneurs qui la détenaient alors la fin de leur concession et obtint du Conseil d'État le droit exclusif d'exploiter l'asphalte dans le Val de Travers, durant une période de trente ans se terminant le 11 novembre 1867, moyennant une redevance anuuelle de 500 francs. M. Brémond de Saint-Paul ouvrit une exploitation sérieuse sur la rive droite de l'Areuse, à la Presta, et l'on commença à fabriquer, disent les documents de l'époque, « un ciment parfaitement semblable à celui de Seyssel » et « de l'asphalte exporté en majeure partie tel qu'il sort de la mine pour en confectionner le ciment, sur les lieux mêmes où il y a des travaux à exécuter ». C'était l'époque où l'on commençait à employer la poudre d'asphalte pour macadamiser les chaussées. La concession de Brémond de Saint-Paul passa avec l'autorisation de l'État en diverses mains ; en 1867, elle appartenait aune Société française, la Compagnie générale des Asphaltes; mais l'exploitation n'avait été poussée, jusqu'à cette époque, qu'au voisinage immédiatdes affleurements, près de la Presta.

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Se préoccuppant du renouvellement de la concession, le Grand Conseil de l'État de Neuchâtel ordonna l'exécution de sondages à l'Est de la Presta pour se rendre compte de l'importance, des disponibilités concessibles ; de plus, il promulgua une loi minière consacrant les droits régaliens résultant des coutumes et prévoyant certains avantages et certaines obligations à l'égard des concessionnaires. Cette loi régit encore aujourd'hui la matière et nous y reviendrons plus loin. Les sondages étaient placés sur une ligne Nord-Sud, située à peu près au centre de l'exploitation actuelle et par conséquent au point le plus beau de l'imprégnation. Les résultats dépassèrent toutes les espérances, et, > comme les sondages permettaient difficilement de distinguer la crappe et le « bon banc », on conclut à l'existence d'un gisement de 7 m ,30 de puissance moyenne,' plongeant vers le Sud-Est. L'insuffisance des outils dont on disposait avait seule empêché de poursuivre les recherches vers l'aval. On se trouvait donc en présence d'un gisement hors de proportion avec tous les amas connus et exploités jusqu'à cette époque dans le canton. On décida de renouveler la concession en la mettant en adjudication et, naturellement, les résultats des sondages produisirent des offres inattendues. La mise aux enchères eut lieu le 9 novembre 1867 sur les bases suivantes : durée de vingt années, droit exclusif d'exploiter dans un périmètre déterminé, paiement à l'État d'une redevance par tonne, calculée au prix le plus élevé offert au-dessus de 5 francs, point de départ de l'enchère. L'adjudication se fit au chiffre de 19 fr. 75, offert par M. Deladoey-Coppet, domicilié à Paris, qui fut déclaré concessionnaire. L'adjudication comportait en outre que le minimum de redevance annuelle était fixé à 40.000 francs. M. Deladoey, avec l'autorisation du Conseil d'État,