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Annales des Mines (1903, série 10, volume 3)

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NOTICE SUR HIPPOLYTE LACHAT

en 1891, et qui, dans la Vanoise, va de Pralognan à Roche-Chevrière, les assises sédimentaires perdent tout caractère détritique, et passent latéralement à une véritable série cristallophyllienné, tout aussi cristalline et tout aussi homogène que la série cristallophyllienné antéhouillère. Au-dessus de ce Permo-carbonifère métamorphique, et séparée de lui par la faible épaisseur du Trias à faciès briançonnais, vient une autre série cristallophyllienné, celle des Schistes lustrés; et cette autre série comprend, en plus des Schistes calcaréo-talqueux de Lory, d'immenses amas de roches vertes, et des intercalations puissantes de micaschistes, de gneiss et d'amphibolites. C'est la série cristallophyllienné mésozoïque, dont le sommet est peut-être néozoïque. Et il y a donc, dans les Alpes occidentales, trois séries cristallophylliennes : l'une antéhouillère (Belledonne, GrandesRousses, Mont-Blanc, Pelvoux, Mercantourn) ; la deuxième permo-carbonifère (schistes de Modane et de Bozel, gneiss et micaschistes de la Vanoise, d'Ambin, du Val-Grisanche, de la Levanna, du Grand-Paradis, du Mont-Rose, du Simplon) ; la dernière, enfin, celle des Schistes bistrés, allant du Trias supérieur à l'Éocène. Evidemment, Lâchât n'a pas prévu ces résultats grandioses, aujourd'hui acceptés par tous les géologues qui se vouent à l'étude des Alpes. La science n'est pas l'œuvre d'un jour, et presque aucun de ses chapitres n'est l'œuvre exclusive d'un homme. Je me souviens qu'en 1891, lorsque je vis Lâchât pour la première fois, et que je lui fis part de mes observations sur les micaschistés, les gneiss et les glaucophanites de la Vanoise, il fut tout d'abord effrayé du développement inattendu que prenait sous ses yeux sa très ancienne théorie. Il me recommanda la prudence ; mais tout de même, à la fin de notre entretien, je voyais bien qu'il était de mon avis. Plus tard, en 1894, c'est avec effroi encore qu'il vit M. Marcel

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Bertrand constater l'extension du Permo-carbonifère métamorphique jusqu'à la vallée d'Aoste, et qu'il l'entendit prédire le prolongement de ce même terrain jusqu'au Mont-Rose. Quelques mois après, à mon retour du Grand-Paradis, je lui annonçai que désormais, dans le Piémont, toutes les assises cristallines semblaient être permo-carbonifères, sauf celles qui font partie de la série des Schistes lustrés. Il leva les bras au ciel, et son visage exprima" la joie la plus vive. Il eût dit bien volontiers cette belle phrase, qui fait tant d'honneur à l'homme qui l'a pensée et écrite, et que nous avons tous lue, avec une émotion profonde, dans la lettre du 31 mai 1902, de M. Alb. Heim à M. Maurice Lugeon : « Cela m'est une « vraie joie personnelle de reconnaître que mes élèves « vont plus loin que moi, et m'apprennent à accepter des « idées devant lesquelles je m'étais jusqu'à présent « arrêté. » Mais, si Lâchât n'a pas tout prévu, il ne s'est presque jamais trompé, et les résultats les plus récents de la stratigraphie des terrains métamorphiques alpins étaient tous en germe dans ce qu'il a dit et répété cent fois depuis 1861 . Jusqu'en 1894, tous les géologues qui se sont appliqués » l'étude des roches cristallines des Alpes, tous, sauf Lâchât, ont été induits en erreur, plus ou moins gravement, Pins ou moins complètement. Sismonda a confondu les divers terrains métamorphiques ; Lory, qui a si bien démêlé

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l ge secondaire des Schistes lustrés, n'a point vu le métamorphisme du Permo-carbonifère; Gastaldi, et, à sa suite, M. Zaccagna, ont reculé jusqu'au Prépaléozoïque toutes les assises cristallines piémontaises, y compris les Schistes lustrés ; et nous avons tous cru, en France, de 1888 à 1894, que, sur la question des Schistes lustrés, c était Lory qui avait tort et M. Zaccagna qui avait raison - Seul, Lâchât a toujours déclaré, à tous les géologues qui l'ont approché, qu'il y avait des micaschistes