Différence | Historique de transcription | Lettre sur une séance de l’Académie concernant l’île de Ténériffe. Discussion des mérites de MM Buch et Berthollet ; brouillon

Lettre sur une séance de l’Académie concernant l’île de Ténériffe. Discussion des mérites de MM Buch et Berthollet ; brouillon

Page : Image 8

Révision de 23 nov. 2015 13:03:16
edited by 194.214.158.55
Révision de 1 déc. 2015 10:01:37
edited by 194.214.158.55
Ligne 1 : Ligne 1 :
 +
8/
 
je la crois beaucoup trop grande : car, dans l'espace compris entre la punta Roxa et la punta de Abona, les eaux auraient à descendre de 3021 m (hauteur plus grande que celle du Canigou) dans un espace de 2 lieues 1/2, ou de 13887 m, ce qui donnerait une pente moyenne de 12'' 34'. Or, dans tous les pays de montagnes on voit que les torrents qui se trouvent dans de pareilles conditions ont encombré l'extrémité de leur cours d'une masse énorme de débris qui forme un large talus en avant des rochers en place, et dont il n'existe aucune trace sur cette partie de la côte de Ténériffe, si les ravins y sont encaissés abruptement jusqu'à la ligne même du rivage, comme la carte l'exprime si nettement.
 
je la crois beaucoup trop grande : car, dans l'espace compris entre la punta Roxa et la punta de Abona, les eaux auraient à descendre de 3021 m (hauteur plus grande que celle du Canigou) dans un espace de 2 lieues 1/2, ou de 13887 m, ce qui donnerait une pente moyenne de 12'' 34'. Or, dans tous les pays de montagnes on voit que les torrents qui se trouvent dans de pareilles conditions ont encombré l'extrémité de leur cours d'une masse énorme de débris qui forme un large talus en avant des rochers en place, et dont il n'existe aucune trace sur cette partie de la côte de Ténériffe, si les ravins y sont encaissés abruptement jusqu'à la ligne même du rivage, comme la carte l'exprime si nettement.
 
Voici d'ailleurs une réflexion assez simple qui me paraît trancher les dernières incertitudes qui peuvent rester à ce sujet. La crète du cirque de Ténériffe est aussi élevée au-dessus de la mer que celle des Pyrénées au-dessus des plaines adjacentes, et le pied du versant S.-E. de ce cirque qu'on appelle la bande orientale est couvert de cultures et de villages comme le sont vers leur pied les flancs les moins abruptes des Pyrénées. Le flanc le plus abrupte que présente sur une crète couronnée par le Mont-Perdu, s'abaisse au Sud, avec une uniformité remarquable, déterminée par la pente des couches calcaires, vers les vallées où sont bâties les villes d'Ainsa et de Jaca. Or, ce flanc des Pyrénées a plus de 27000 m ou environ 5 lieues de largeur, c'est-à-dire une largeur double de celle que M. Berthelot donne à la bande orientale de Ténériffe, et même un peu plus grande que celle que M. de Buch lui assigne. Delà je crois pouvoir conclure que M. Berthelot a diminué de plus de moitié la largeur de la bande orientale, et que M. de Buch, à qui on reproche de l'avoir faite trop large, pourrait plutôt être soupçonné de pécher lui-même par le défaut contraire.
 
Voici d'ailleurs une réflexion assez simple qui me paraît trancher les dernières incertitudes qui peuvent rester à ce sujet. La crète du cirque de Ténériffe est aussi élevée au-dessus de la mer que celle des Pyrénées au-dessus des plaines adjacentes, et le pied du versant S.-E. de ce cirque qu'on appelle la bande orientale est couvert de cultures et de villages comme le sont vers leur pied les flancs les moins abruptes des Pyrénées. Le flanc le plus abrupte que présente sur une crète couronnée par le Mont-Perdu, s'abaisse au Sud, avec une uniformité remarquable, déterminée par la pente des couches calcaires, vers les vallées où sont bâties les villes d'Ainsa et de Jaca. Or, ce flanc des Pyrénées a plus de 27000 m ou environ 5 lieues de largeur, c'est-à-dire une largeur double de celle que M. Berthelot donne à la bande orientale de Ténériffe, et même un peu plus grande que celle que M. de Buch lui assigne. Delà je crois pouvoir conclure que M. Berthelot a diminué de plus de moitié la largeur de la bande orientale, et que M. de Buch, à qui on reproche de l'avoir faite trop large, pourrait plutôt être soupçonné de pécher lui-même par le défaut contraire.
 
L'examen direct de cette partie de la carte me conduit donc de nouveau à conclure que du côté du midi et de l'est le bord du cirque est figuré par M. Berthelot trop près de la côte et trop loin de la base du pic. L'examen de l'intérieur du cirque va nous amener par une troisième voie à cette même conclusion.
 
L'examen direct de cette partie de la carte me conduit donc de nouveau à conclure que du côté du midi et de l'est le bord du cirque est figuré par M. Berthelot trop près de la côte et trop loin de la base du pic. L'examen de l'intérieur du cirque va nous amener par une troisième voie à cette même conclusion.
 
Dans des mémoires imprimés dans la bibliothèque universelle de
 
Dans des mémoires imprimés dans la bibliothèque universelle de

Révision de 1 déc. 2015 10:01:37

8/ je la crois beaucoup trop grande : car, dans l'espace compris entre la punta Roxa et la punta de Abona, les eaux auraient à descendre de 3021 m (hauteur plus grande que celle du Canigou) dans un espace de 2 lieues 1/2, ou de 13887 m, ce qui donnerait une pente moyenne de 12 34'. Or, dans tous les pays de montagnes on voit que les torrents qui se trouvent dans de pareilles conditions ont encombré l'extrémité de leur cours d'une masse énorme de débris qui forme un large talus en avant des rochers en place, et dont il n'existe aucune trace sur cette partie de la côte de Ténériffe, si les ravins y sont encaissés abruptement jusqu'à la ligne même du rivage, comme la carte l'exprime si nettement. Voici d'ailleurs une réflexion assez simple qui me paraît trancher les dernières incertitudes qui peuvent rester à ce sujet. La crète du cirque de Ténériffe est aussi élevée au-dessus de la mer que celle des Pyrénées au-dessus des plaines adjacentes, et le pied du versant S.-E. de ce cirque qu'on appelle la bande orientale est couvert de cultures et de villages comme le sont vers leur pied les flancs les moins abruptes des Pyrénées. Le flanc le plus abrupte que présente sur une crète couronnée par le Mont-Perdu, s'abaisse au Sud, avec une uniformité remarquable, déterminée par la pente des couches calcaires, vers les vallées où sont bâties les villes d'Ainsa et de Jaca. Or, ce flanc des Pyrénées a plus de 27000 m ou environ 5 lieues de largeur, c'est-à-dire une largeur double de celle que M. Berthelot donne à la bande orientale de Ténériffe, et même un peu plus grande que celle que M. de Buch lui assigne. Delà je crois pouvoir conclure que M. Berthelot a diminué de plus de moitié la largeur de la bande orientale, et que M. de Buch, à qui on reproche de l'avoir faite trop large, pourrait plutôt être soupçonné de pécher lui-même par le défaut contraire. L'examen direct de cette partie de la carte me conduit donc de nouveau à conclure que du côté du midi et de l'est le bord du cirque est figuré par M. Berthelot trop près de la côte et trop loin de la base du pic. L'examen de l'intérieur du cirque va nous amener par une troisième voie à cette même conclusion. Dans des mémoires imprimés dans la bibliothèque universelle de