Annales des Mines (1847, série 4, volume 12) [Image 23]

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SUR LES GLACIERS DU NORD

.bien marqué dans les Alpes, dans les Pyrénées et en Norwége sur les glaciers des hautes régions qui

se trouvent prés de la lisière des neiges perpétuelles ; on l'observe aussi au Spitzberg, principalement sur les glaciers qui ne se trouvent pas

tout à fait'au bord de la mer et 'qui ne sont encore qu'imparfaitement changés en glace; ainsi les couches successives étaient très-clairement marquées sur le 'petit glacier qui, dans la baie de la Madeleine, dominait le mouillage de la corvette. Mais à mesure que les glaciers de nos contrées descendent vers des zones climatériques où la température est plus élevée, les parties grenues dont ils sont composés s'unissent plus intimement et

se changent en une glace qui tend à devenir de

plus en plus compacte : alors les couches superposées prennent une texture plus homogène, un aspect plus uniforme ; en même temps la stratification devient de moins en moins distincte et tend à s'effacer .complétement. Bandes terreuses Néanmoins , à la surface des glaciers inférieurs la surface des on remarque des bandes grises, salies par la préglaciers. sence de matières terreuses, que M. Forbes a décrites sous le nom de dirtbands; elles se voient à des distances un peu grandes les unes des autres et présentent des courbes allongées, dont la convexité est tournée vers l'aval du glacier. M. Agassiz et d'autres savants les considèrent comme les affleurements des diverses couches de névé, qui se sont peu à peu transformées en glace. M. Forhes , au contraire, les considère comme n'ayant aucun rapport avec l'ancienne stratification des névés , mais comme

prenant naissance par suite de l'inégale vitesse des parties centrales et latérales des glaciers; il leur attribue la même origine qu'aux bandes

ET DU CENTRE DE L'EUROPE.

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bleues dont nous parlerons Un peu plus loin. Les couches ou bandes successives dont se conaposentles glaciers, présentent quelquefois, au Sneehâttan , par exemple (Pl. I, fig. 4), des inflexions et des contournements qui ressemblent un peu aux plissements des roches schisteuses et qui ont

pris naissance dans des conditions analogues, par suite des pressions auxquelles est soumise pendant son mouvement la masse de glace grenue et douée d'une certaine plasticité. Ionde (pseultauesry, Dans le mémoire qu'a publié l'un dés membres vlii de la commission du Nord (i), il dit que les gla- dans l'intérieur

ciers qui bordent la côte du Spitzberg commu- du Spitzberg. niquent avec ceux de l'intérieur du pays ; niais il est

probable qu'il n'y en a pas ailleurs que sur la ré,ion littorale: l'énorme massif' de rochers qui constitue le Spitzberg et se présente .comme un plateau

inégal, élevé de 800 à 1.200 mètres, me parait peu favorable à la formation de glaciers intérieurs. Les conditions météorologiques qu'elle nécessite ne peuvent être réalisées sur le haut de ce plateau, mais seulement sur le rivage et à une faible hauteur au-dessus de la mer ; aussi, dans des excursions que j'ai f'aites autour des montagnes

de la baie de la Madeleine, je n'ai trouvé, à la hauteur de 400 mètres et au-dessus, rien que de la neige molle et floconneuse, dans laquelle on enfonçaitprofondémeut. A la vérité , sur quelques pentes de rochers, j'ai remarqué de petites croûtes de glace, comme on en voit aussi clans les Alpes; cela n'a rien d'étonnant, car le soleil peut fondre

aisément la partie superficielle de la couche de neige qui recouvre le flanc des rochers. (1) Bibliothèque univ. de Genève, juillet 1840.