Annales des Mines (1847, série 4, volume 12) [Image 24]

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SUR LES GLACIERS DU NORD

Aspect de l'inA une élévation térieur du Spitzglaciers. disparaître berg.

de 4 à 5oo mètres, on voit les sous une immense linceul de neige. Les pics situés au premier plan ont une partie de leurs flancs à découvert ; mais ceux du second plan élèvent seulement leurs sommets au-

dessus de l'enveloppe neigeuse qui s'étend par-dessus

les montagnes de l'intérieur, les recouvre entièrement et cache la plupart des plateaux (i) ; en sorte que, vu d'une distance de quelques lieues en mer, le Spitzberg n'offre plus qu'un rideau blanc, un peu dentelé, dont les saillies sont formées par les cimes couvertes de neige. On reconnaît alors que la partie centrale est plus élevée que les montagnes qui bordent la mer et dont les flancs escarpés sont en partie dépouillés de neige. Ces montagnes forment une ligne comparativement beaucoup plus

ET DU CENTRE DE L'EUROPE.

47 A ces latitudes élevées les rayons du soleil sont réfléchis par les Surfaces.neigeuses sous une faible inclinaison; ilspassent des couches d'airles'plusdenses et les plus refroidies par la neige à des couches plus

chaudes et plus légères; ils éprouvent une série de réfractions, puis se réfléchissent en produisant un mirage : ces effets ont lieu fréquemment pendant les jours sereins sur les champs dé neige, et aussi sur

les champs de glace flottante. Les rayons solaires colorent la nappe de neige d'une teinte jaune d'or ; les objets situés dans le lointain apparaissent renversés, sous des formes bizarres et fantastiques, se modifiant quelquefois d'un instant à l'autre. Il est

basse , que l'oeil n'aperçoit plus, lorsqu'il en est

un peu éloigné ; maisil voit encore se dérouler un immense horizon de neige, sous lequel sont ensevelies toutes les montagnes de l'intérieur.

impossible de ne pas être saisi d'admiration en présence du spectacle magique que l'on voit se développer sur une scène immense et dans des proportions gigantesques ; alors l'imagination se transporte dans des régions inconnues, et le navire qui nous emporte semble voguer, vers un monde tout différent de celui que nous habitons.

(1) En Norwège, le spectacle de quelques fields couverts de névé, ceux du Justedal , par exemple, m'a rappelé le Spitzberg, il y a aussi dans les Alpes un massif rocheux

forme et dans leur aspect beaucoup plus de sim- glearciers du Spitzplicité que ceux des Alpes et de la I\Torsvège ; ceux-ci se voient dans toutes sortes de positions et

dont l'aspect peut en donner une idée faible et impar-

faite, c'est le massif du Mont-Rose, qui par sa configuration offre un peu plus d'analogie que les autres parties des Alpes avec les montagnes du Spitzberg et de la Norvvége; on y voit /es hautes cimes surgir de dessus des plates-formes élevées et ondulées mais beaucoup moins étendues que celles du nord de l'Europe ; elles se trouvent à une altitude d'environ 3.000 mètres et sont couvertes d'une nappe de glace et de neige presque continue, qui s'étend au-dessus des plus hautes sommités du Mont-Rose ; l'éclat et la blancheur de ces neiges contrastent avec la teinte sombre de quelques pics aigus, tels que le Mont-Cervin, dont les flancs sont trop escarpés pour que la neige puisse s'y maintenir.

Les glaciers du Spitzberg présentent dans leur Dela forme des

affectent des formes différentes suivant la déclivité

du terrain qui les supporte. Il eh est (les glaciers supérieurs ) qui sont adossés à la crête des montagnes; d'autres se déroulent sur des pentes trèsdiverses et se moulent pour ainsi dire sur les ondulations du terrain; fréquemment ils sont hérissés d'aiguilles ou de pyramides. Quelques-uns, comme celui de l'Aar,, occupent le fond plat et régulier

d'une haute vallée; leur surface unie ressemble alors à un plancher de glace un peu bombé et n'offrant que de légères ondulations.