Annales des Mines (1847, série 4, volume 12) [Image 22]

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SUR LES GLACIERS DU NORD

comme on le voit sur le glacier du Rhône niais presque immédiatement après il s'engouffre de nouveau dans leurs entrailles profondes et vient s'échapper à leur extrémité comme un torrent impétueux.

A sa sortie, ce torrent ronge /es glaces qui opposent à son passage, et en provoquant des éboulements au-dessus de lui, il donne naissance à une cavité cintrée, en forme de voûte, dont les parois arrondies par les courants d'air qui s'y introduisent, offrent une belle teinte d'azur. J'ai vu des voûtes de ce genre en Norwège comme en Suisse; ainsi il y en a une très-belle à l'extrémité du glacier de Faabergstol (Justedal); elles se ferment en hiver, sont très-petites au printemps et s'agrandissent peu à peu en été. Je n'en ai point

Voûte à l'ex

trémité inférieure des glaciers. s

yuan Spitzberg et c'est facile à concevoir, car l'eau provenant de la fusion estivale ne forme point de courants d'un gros volume au-dessous des glaciers.

La destruction La destruction des glaciers par la chaleur a lieu des glaciersalieu en dessus et en non-seulement en dessus, mais aussi à la surface dessous,

inférieure qui est en contact avec les rochers encaissants; à cet égard, l'opinion de Saussure a été confirmée par des recherches plus récentes. Il y a en effet un flux de chaleur qui provient de l'intérieur de la terre et qui arrive au fond des glaciers de même qu'en tous /es autres points de la surface terrestre; niais il ne peut fondre, d'après les calculs de M. Élie de Beaumont, qu'une fiiible épais-

seur de glace, qu'une couche ayant au plus 6 1/2 millimètres par an, ou environ 1/2 millimètre par mois, et cela ne forme qu'une trèspetite fraction de la couche totale (un mètre environ) qui est fondue chaque année. Cette influence

se faisant sentir dans tontes les saisons, donne

DU CENTRE, DE L'EUROPE.

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naissance, concurremment avec les sources qui peuvent exister sous les glaciers, aux filets d'eau qui s'en écoulent même au milieu de l'hiver. D'après les informations que j'ai prises auprès des habitants des hautes vallées, en Norwège comme dans les Alpes, il s'échappe de l'extrémité des glaciers de petits ruisseaux qui coulent pendant tout l'hiver, mais dont le volume n'est pas comparable à celui des torrents qui en sortent pendant l'été.. D'ailleurs je ferai observer que l'action liquéfiante exercée par la chaleur souterraine sur la surface inférieure des glaciers ne doit pas dépendre exclusivement de la transmission de la chaleur centrale, mais qu'elle doit être augmentée par le concours de la chaleur solaire qui pénètre jusqu'à une certaine profondeur dans la pellicule superficielle de l'écorce terrestre et s'y propage dans toutes les directions. Par conséquent, la fusion qu'éprouvent les glaciers au contact de leur fond, doit varier en raison de leur abaissement an-dessous de la limite des neiges permanentes; elle doit être plus grande dans les régions inférieures où la température moyenne du sol environnant les glaciers est notablement supérieure à zéro, comme cela a lieu près de l'extrémité des glaciers principaux des Alpes et de la Norwège. Nous avons vu que l'origine des glaciers est la De la stratificamême sous toutes les latitudes; qu'ils se forn-ienttim des glaciers. comme les dépôts sédimentaires par la superposition de couches successives ; aussi offrent-ils une véritable stratification : on y observe une succes-

sion de strates dont l'aspect, la texture et la nature physique ne sont pas tout à fait les mêmes; çar. il y a une alternance de bancs de glace et de bancs de névé. J'ai vu ce genre de stratification