Annales des Mines (1861, série 5, volume 10, partie administrative) [Image 8]

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LOIS, DECRETS ET ARRÊTÉS

faut apprécier l'utilité relative de lignes qui s'excluent mutuellement, et mettre en concurrence des intérêts qui, considérés isolément, sont dignes, à des titres divers, de la sollicitude des pouvoirs publics. Des questions aussi délicates semblent ne pouvoir se résoudre que par des enquêtes comparatives, dans lesquelles tous les intérêts, toutes les opinions pourront se faire entendre. Plus de 2.000 kilomètres de lignes nouvelles, représentant une dépense d'environ 55o millions, ont été ainsi étudiées dans le cours de la dernière campagne. Tous ces projets sont déjà ou vont être prochainement soumis aux formalités d'enquête, et deviendront ensuite l'objet de l'examen de l'administration supérieure. Le Gouvernement puisera dans cette instruction les éléments des propositions qu'il aura à soumettre, en ce qui concerne les conditions financières, à la sanction du Corps législatif. L'administration, tout en poursuivant le développement des voies de fer, n'a pas perdu de vue une question à laquelle les réformes commerciales ont donné une importance toute particulière, c'est-à-dire la réduction des tarifs des chemins de fer sur les matières les plus nécessaires à l'agriculture et à l'industrie. Il n'est pas besoin d'insister sur les difficultés que présente la réalisation d'une mesure qui touche à tant d'intérêts. Des négociations sont ouvertes à ce sujet avec les principales compagnies des chemins de fer, et une commission spéciale a déjà réuni en grande partie les documents qui doivent servir de base aux traités à intervenir entre ces compagnies et l'État. On peut espérer que cette question délicate sera prochainement résolue. § 5. Mines et usines métallurgiques. Le rapport présenté à l'Empereur par le ministre des travaux publics, au commencement de 1860, sur la situation de l'industrie houillère, a indiqué avec détail, pour chacun de nos bassins de quelque importance, les mesures à prendre pour assurer au plus bas prix possible l'arrivage de la houille sur les lieux de consommation. Le département compétent poursuivit énergiquement, dans le cours de l'année 1860, l'exécution de ces mesures. En ce qui concerne le bassin de la Loire, le projet delà route de terre entre Rive-de-Giers et Givors a été étudié; la dépense, qui doit être répartie entre l'État et les départements

SUR LES MINES.

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de la Loire et du Rhône, a été évaluée à près d'un million. Les travaux sont commencés et seront continués avec activité. Le rachat des canaux de Briare, d'Orléans et du Loing et l'abaissement des tarifs qui en a été la conséquence, rouvre le marché de Paris au bassin de Saint-Étienne, en même temps qu'à ceux du Centre, Blanzy, Commentry, Decize, et leur permettra de faire concurrence aux houilles du Nord. Quant au bassin du Pas-de-Calais, où quatorze concessions nouvelles ont été instituées depuis moins de dix années, les compagnies concessionnaires ont été autorisées, sur leur demande, à construire huit embranchements d'une longueur totale de û3 kilomètres, et destinés à relier leurs fosses avec le chemin de fer des houillères exécuté par la compagnie du Nord. L'exécution de ces embranchements est presque terminée; elle réduira de près des trois quarts les frais de transport des houilles sur les lieux de vente. Nous avons déjà indiqué que la ligne principale serait prochainement livrée à la circulation. Ces houillères empruntent pour le transport de leurs produits non-seulement les chemins de fer, mais encore les voies d'eau. La réduction déjà effectuée des tarifs du canal d'Aire à la Bassée, du canal de la Sensée et de l'écluse d'Iwuy, l'approfondissement à 2 mètres du tirant d'eau des voies canalisées du Pas-de-Calais, doteront ce centre houiller des meilleures conditions de prospérité. A l'égard du bassin d'Alais, il s'agissait seulement, pour l'avenir, de quelques études de chemins de fer. Ces études ne seront pas perdues de vue, et dès que la nécessité s'en fera sentir, elles seront immédiatement ordonnées. Pour le bassin du Creuzot et de Blanzy, l'on a, depuis l'année dernière, commencé l'exécution du réservoir de Montaubry, qui doit augmenter notablement les ressources alimentaires du canal du Centre, et l'on a entrepris avec une égale activité les travaux du chemin de fer de Nevers à Chagny. Déjà, sur ce chemin, une somme de trois millions au moins avait été dépensée à la fin de 1860. Le bassin de Commentry paraissait amener surtout la création de deux lignes de fer destinées à se rattacher, d'une part, à Limoges et Poitiers, d'autre part à Tours et à la partie inférieure de la vallée de la Loire. Sur l'une et l'autre de ces directions, des concessions éventuelles ont été faites à la compagnie d'Orléans, entre Montluçon et la Souterraine, ou Limoges, d'un côté, et, d'un autre