Annales des Mines (1913, série 11, volume 3) [Image 216]

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ENQUÊTE

SUR

L'ANKYLOSTOMIASE

DANS

ils se trouvassent transportés sans cesse jusqu'à KremniU. Il ne faudrait pas croire que cette acidité soit négligeable...

LES

MINES

DE

FER

DE

LA

LORRAINE

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de même qu'en Belgique, se ferait avec une rapidité et une soudaineté qui étonneraient, et cela sous l'influence encore très mal connue de conditions accessoires qui donneraient à l'infec-

En juin 1909, R. André (*), dans sa thèse inaugurale, remarquable travail dont je conseille la lecture à tous nos directeurs des mines de fer, consacra un chapitre à l'étude de 1'ankylostomiase « possible et peut-être probable » dans le département de Meurthe-et-Moselle :

tion, dans une population neuve, une virulence extrême.

En 1910, mon ami et collaborateur, le D r J. Henry (*), donne une consciencieuse bibliographie de l'ankylostomiase de 1905 à 1910 inclusivement. Il fait d'importantes Recherches sur l'influence du minerai de fer sur les larves.

Alors que de tous les côtés la lutte s'organise contre le terrible fléau, il semble que le nom même et la possibilité de la maladie

Si la nature du milieu dans nos mines de sel est impropre au développement des larves de l'ankylostome, il n'en est pas de même des boues de nos mines de fer. Sur vingt échantillons de minerais calcaires ou siliceux, l'élevage des larves se fait aussi parfaitement que sur milieu de Loos. Il échoue sur deux échantillons de minerai imprégné de chaux provenant du culot des lampes à acétylène dont se servent nos mineurs.

soient inconnus en Meurthe-et-Moselle. De tous lesnombreux médecins de mines que nous avons interrogés à ce sujet, un seul nous a dit avoir eu connaissance d'un cas d'ankylostomiase. Il s'agissait d'un ouvrier italien qui disparut dès qu'il sévit soupçonné... Ce simple cas, le seul semblant vraiment constaté (**), prouve que la présence de l'ankylostomiase est possible. Ce sera précisément le but de ce chapitre, dans lequel nous chercherons à démontrer que si l'ankylostomiase est officiellement inconnue en Meurtheet-Moselle, cela ne prouve rien contre son existence possible ; et que vu le défaut de précautions et la négligence dont partout on a fait preuve à cet égard, les mines, surtout les exploitations profondes du nouveau bassin de Briey, peuvent en être infestées

Vu la composition des minerais de fer de Meurthe-et-Moselle, qui, pour la plus grande part, appartiennent au type oolithique,

dans un temps plus ou moins court, quand les conditions, qui

dit minette, il est impossible de constater l'existence d'une aci-

maintenant ne sont pas très favorables, il est vrai, au développe-

dité ou d'une basicité capable d'empêcher le développement des œufs d'ankylostome ou de tuer les larves écloses.

ment du parasite, changeront par suite de l'extension que ces mines sont appelées à prendre... Nous ne sommes pas le seul dont l'attention ait été attirée de ce côté. Un médecin de mines

A part le S et le Ph, qui sont en quantité minime (0,068 p. 100 environ pour le S, 0,73 p. 100 environ pour le Ph), il n'existe

du bassin de Briey, à qui nous demandions ce qu'il en pensait,

aucun des éléments nécessaires à la constitution d'acides libres...

nous répondait : A 220 ou 230 mètres, dans la couche de fer du

L'eau des galeries filtrant à travers les fissures des couches de

bassin

minerai ne peut contenir ni acide, ni base ; son action est pure-

de

Briey, l'ankylostomiase, trouvera probablement les

meilleures conditions de

se

développer. Puissions-nous nous

tromper sur ce point et notre hypothèse être non fondée. L'apparition de l'épidémie

en Meurthe-et-Moselle trouverait

les ouvriers absolument désarmés devant elle; sa propagation, (*) R. ANDRÉ, Hygiène de l'Industrie du fer en Meurthe-et-Moselle, thèse de médecine de Nancy, 1909; imprimerie Albert Barbier, 4, quai Ghoiseul, préface de M. l'Ingénieur Villain, Président de la Société Industrielle de l'Est: chap. ix, p. 140-153. (**) 11 n'est pas fait mention par le D r André d'examen microscopique et de constatations parasitologiques.

j

ment désagrégeante ; or dans ce cas les matières entraînées sont simplement en suspension.

En 1911, notre maître M. .P. Vuillemin, professeur d'histoire naturelle médicale à la Faculté de médecine de (*) J. HENRY, Ankylostomatose, thèse de médecine de Nancy, 1910, Imprimeries Réunies de Nancy, rue Lionnois, Nancy, 135 pages, 8 planches (Prix du Conseil Général et de la Société Industrielle de l'Est). Influence du "minerai de fer sur les larves : p. 55.