Annales des Mines (1913, série 11, volume 3) [Image 215]

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ENQUÊTE

SUR

L'ANKYLOSTOMIASE

« D'après le rapport de la Commission d'enquête sur les mines de la Grande-Bretagne, les mineurs de fer du Yorksliire sont pleins de force et de santé, exempts dé cette caducité précoce et de ces maladies que l'on observe dans les mines de cuivre et de plomb. « Nous savons par une communication orale du D r Edholni que les ouvriers des nombreuses mines de fer de la Suède jouissent d'une excellente santé. « Jolieu (1824) rapporte que les mineurs de fer de Vic-Dessos (Ariège) sont robustes, vivent très longtemps et ne sont nullement sujets aux maladies que l'on rencontre dans les autres mines (thèse de Montpellier, 182 i , n° 27). « Il en serait de même dans les mines de fer de SaintJulien, d'après le D r Larguier (Gauchet, Dict. Praticj. Art. Mineurs, 1876). « Nous devons à notre ami, le D 1' Coliez, des renseignements précis sur les mines de Longwy (Moselle). « L'anémie n'y atteint point les ouvriers, qui ne se plaignent pas spécialement d'oppression, de palpitations ni de toux ; ils sont tous forts, et n'ont que les maladies communes à tous les artisans, accrues par leurs habitudes alcooliques très prononcées. « L'exploitation se fait par des galeries s'ouvrant de plain-pied sur le flanc d'une colline, et se prolongeant jusqu'à 1 ou 2 kilomètres. Les galeries principales sont larges de 2 m ,5() à 3 mètres ; lés collatérales les plus étroites ont encore l m ,50. Elles communiquent, en général, vers leur fond, avec un ou deux puits d'au plus 90 mètres de haut, véritables cheminées d'appel donnant lieu à une ventilation naturelle par aspiration ; l'air qui s'en échappe est visiblement chargé de matières étrangères et de vapeur d'eau. La température intérieure ne s'élève pas . au-dessus de 12° à 15°. L'air y est d'ordinaire assez pur, sauf quelques galeries collatérales ; mais

DANS

LES

MINES

DE

FER

DE

LA

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quand, en certaines saisons, la température extérieure diffère peu de celle de la mine, l'aération laisse à désirer. On attaque souvent le minerai avec la poudre. « Les ouvriers séjournent sous terre de huit à douze heures par jour, avec un intervalle d'une demiheure à trois quarts d'heure pour leur repas qu'ils viennent prendre au dehors. Comme ils travaillent peu la nuit, nous ferons remarquer qu'ils se trouvent en réalité plus longtemps soustraits à la lumière solaire que les houilleurs, qui descendent à la fosse aussi souvent tle nuit que de jour. » En 1885, M. R. Blanchard, professeur de parasitologie à la Faculté de Médecine de Paris, explique ainsi l'immunité des mines d'or de Kremnitz vis-à-vis de l'ankylostomiase (*) : La roche que traverse le fdon aurifère est constituée par de la marcassite (bisulfure de fer) ayant la même composition que la pyrite FeS 2 . Les eaux s'infiltrent aisément à travers cette roche, et, en certains endroits, cette infiltration est tellement active qu'il se forme de véritables cascades ; il en résulte qu'une grande quantité de vapeur d'eau est répandue dans l'atmosphère. Or, au contact de l'air humide, la marcassite subit des transformations qui ont pour résultat essentiel de produire du sulfate basique de fer et de l'acide sulfurique libre; en même temps l'eau qui ruisselle à la roche laisse déposer la limonite ou ocre jaune 2Fe 2 0 3 , 3H 2 0. La marcassite renferme encore d'ordinaire, comme impureté, du sulfuro-arséniure de fer, qui, en s'oxydant à l'air, donne du sulfate basique de fer et de l'acide arsénieux. C'est donc à l'acidité des eaux qui stagnent dans les galeries qu'il faudrait attribuer l'absence de l'ankylostomiase et du Rkabdonema (**), bien que, àl'époque où ceux-ci existaient à Schemnitz,

(*) R. BLANCHARD, l'Anémie des mineurs en Hongrie (Soc. de Biologie, 28 novembre -1885, p. 713-716). (**) Anguillule», — Strongyloides stercoralis.