Annales des Mines (1911, série 10, volume 19) [Image 34]

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VICTOR REGNAULT

VICTOR REGNAULT

français et étrangers; onalla jusqu'àreprocher à Regnault de ne pas savoir qu'une analyse doit fermer à 100. Il aurait pris pour base de ses calculs des rendements de 106 kilogrammes de produits aux 100 kilogrammes dehouille distillée, et il dut, pour sa défense, publier un long; mémoire justificatif. Les Compagnies gazières offraient, et l'administration municipale semblait disposée - à accepter, un prix du gaz; décroissant depuis 45 centimes au début de la nouvelleconcession jusqu'à 35 centimes en 1870. Brusquement un coup de théâtre se produit; le 9 juillet 1855, MM. Emile et Isaac Péreire, étrangers jusque-là à la fabrication dis gaz, écrivent à l'empereur en déclarant accepter les résultats de Regnault. L'élévation du prix actuel du gaz tient, disent-ils, à l'exagération des frais généraux et des frais d'intérêt du capital. Ils se font forts de réduire ce prix avec une concession suffisamment prolongée et se déclarent en mesurede grouper derrière eux toutes les Compagnies actuelles en une seule Société ; ils offrent d'abaisser immédiatement le prix du gaz à 30 centimes et consentent le partage des bénéfices avec le consommateur, par moitié,, après 1870. Le traité est signé sur ces bases le 25 juillet et, au lendemain, Regnault est nommé ingénieur-conseil de la nouvelle Compagnie parisienne du Gaz avec de gros émoluments. Il semble bien avoir été l'âme de cette combinaison (*). Dès son entrée en fonctions, l'intervention de Regnault se manifeste par la création de l'usine expérimentale de la Villette, destinée aux études scientifiques des perfectionnements à apporter dans la fabrication du gaz (**).Elle

«st dirigée successivement par des chimistes de valeur : Audoin, Emile Sainte-Claire Deville, auxquels Regnault trace des programmes d'expériences rédigés avec une minutie extrême. Il s'occupe également de la fabrication ■dans les usines, en particulier du traitement des goudrons et des procédés de chauffage ; il traite avec Sir "William Siemens pour l'application de ses nouveaux fours à la fabrication du gaz (*) ; il s'intéresse tout particulièrement aux applications du coke au chauffage domestique, étudiant et corrigeant les dessins des appareils mis en vente par la Compagnie, rédigeant même de sa main les prospectus destinés à prouver aux Parisiens que le coke est le meilleur des combustibles (**). Enfin, de concert avec Dumas, représentant la ville de Paris, il arrête îes bases de la détermination du pouvoir éclairant du gaz. Son action a été de tous les instants depuis la fondation de la Compagnie jusqu'à sa mort; dans les dernières années de sa vie, à moitié paralysé, il se faisait encore porter aux séances du Conseil. Ces faits méritaient d'être rappelés. Le Parisien toujours naïf et confiant dans son journal, souvent peu scrupuleux sur le respect des engagements réciproques, était arrivé, à la suite de polémiques en fin de concession, à considérer la Compagnie parisienne comme coupable des pires méfaits. En réalité, cette affaire, conduite avec une rare probité et un grand talent, a été une des gloires industrielles de la France, et le mérite en revient pour une focnne part à Regnault. En 1856, l'introduction dans les usines de laboratoires et de méthodes scientifiques de travail était une grande nouveauté, et les résultats de ■cette innovation furent particulièrement remarquables. De 1856 à 1870, la Compagnie parisienne fut à la tète •de tous les perfectionnements dans l'industrie du gaz :

(*) Annexe n" VIII, Rôle probable de Regnault dans la création de la Compagnie parisienne, (**) Annexe n° IX, Nomination de Regnault et création de Vusinc expérimentale.

(*) Annexe X, Lettre de Siemens. (**) Annexe XI, Prospectus pour la vente du coke.