Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 85]

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ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIERES DE HOUILLE

l'air des retours ne diffère de celui des entrées que par une température plus élevée, une humidité souvent plus grande, une légère diminution du taux d'oxygène et un léger accroissement de la teneur en acide carbonique.. Nous venons de voir que l'humidité et la température de l'air n'influaient pas notablement sur la propagation des coups de poussières ; d'autre part, les variations dans la composition chimique sont si peu importantes qu'il est douteux qu'elles puissent avoir un effet sensible ; aussi, sauf une légère réserve sur ce dernier point, faut-il conclure de nos essais que l'air des retours est -pratiquement aussi favorable aux explosions que l'air des entrées. Il faut donc probablement chercher ailleurs que dans la qualité de l'air l'explication de l'immunité fréquente des retours. Cette orientation des coups de poussières peut-elle s'expliquer par le sens du courant d'air qui parcourt les galeries avant l'explosion? Lorsqu'on réalise dans la galerie d'essais une explosion avec un gisement favorable, composé de poussières ânes, pures, riches en matières volatiles, on constate que les chasses d'air, qui se produisent immédiatement et qui non seulement accompagnent, mais encore précèdent la flamme, ont une vitesse tellement supérieure à celle du courant d'air normal d'une galerie de mine, que le sens primitif de celui-ci doit être indifférent; s'il a quelque influence, ce ne peut être qu'à l'origine du phénomène, quand les mouvements d'air produits par l'explosion initiale sont encore peu rapides ; si, par exemple, l'explosion prend naissance dans un cul-de-sac peu profond, débouchant à angle droit sur une galerie parcourue par un courant d'air, la dissymétrie existant du fait de ce courant entraînera des effets dissymétriques, qui pourront être la propagation d'un côté et le raté de propagation de l'autre; il semble, à première vue, que la propagation a

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plus de chances de se produire du côté où la chasse d'air de l'explosion agit dans le même sens que le courant d'air primitif, pour mieux soulever les poussières ; mais les différences dans les remous peuvent produire un effet inverse, en sorte que l'on ne saurait rien affirmer à ce sujet avant d'avoir expérimenté, ce que l'on ne manquera pas de faire quand la galerie de Liévin sera munie d'un branchement. Actuellement, on peut seulement dire que le sens du courant normal des galeries n'a vraisemblablement aucun effet sur le développement d'un coup de poussières violent, mais peut très bien avoir une influence, de sens d'ailleurs incertain, sur la direction originelle prise par un coup de poussières violent, ou encore sur le développement d'une explosion à progression lente, en gisement peu favorable. L'étude des coups de poussières dans la galerie de 65 mètres, et notamment l'observation du mécanisme de ces phénomènes, laisse entrevoir d'autres causes possibles de l'immunité relative des retours. Ceux-ci sont parfois constitués par des galeries plus étroites que les entrées ; les grands déplacements d'air qui rayonnent autour de l'explosion initiale sont d'autant plus énergiques que les issues sont plus libres; c'est donc du côté des larges galeries d'entrée d'air que les vitesses des chasses d'air préalables sont les plus grandes, que les poussières sont le mieux soulevées, que la vitesse de propagation de la flamme, favorisée par les courants violents, est la plus considérable. Les galeries étroites jouent le rôle de ces obstructions partielles dont certains essais récents ont montré la grande influence modératrice. En outre, dans bien des mines, le gisement poussiéreux des retours est peu favorable aux coups de poussières, soit que l'on y roule des terres, soit simplement parce que l'on n'y roule plus de charbon, et que les réparations produisent toujours des poussières stériles. Enfin les poussières