Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 86]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

160

EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

charbonneuses des retours sont exposées, depuis plus longtemps que les autres, aux influences atmosphériques qui altèrent leur composition et diminuent peut-être leuraptitude à la propagation des explosions; nous avons relevé des indications dans ce sens en étudiant les catastrophes de Monongah et de Darr, aux États-Unis ; la question fait d'ailleurs l'objet d'études en cours à la Station d'essais de Liévin. 3° Influence de la cause d'inflammation. — Entre toutes les causes déterminantes d'un coup de poussières, celles qui concernent le mode d'inflammation sont parmi les plus décisives. Pour enflammer un mélange gazeux explosif, il suffît de porter une partie de ce mélange à la température d'inflammation. L'inflammation des poussières est plus difficile, parce que le mélange inflammable d'air et de poussières n'est généralement pas formé d'avance. Dans les conditions normales, l'atmosphère des mines ne tient,, en effet, en suspension qu'une fraction de gramme et exceptionnellement quelques grammes au plus de poussières par mètre cube d'air ; le nuage est trop peu dense pour être inflammable. Des causes accidentelles sont susceptibles de provoquer la mise en suspension d'une plus grande quantité de poussières, jusqu'au delà de la limite d'inflammabilité. Dans ces conditions, la simple flamme d'une lampe à feu nu suffit-elle pour provoquer l'inflammation, ou faut-il une source de chaleur plus volumineuse ou à plus haute température? Est-il même nécessaire, comme on l'a parfois soutenu, de faire intervenir des phénomènes de compression ? Pour élucider ce point, nous avons opéré comme suit à 1 ou 2 mètres de distance d'une lampe à feu nu, on a placé un tas de poussières fines et pures de Liévin, à-

ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

16 f

30 p. 100 de matières volatiles, et l'on a fait arriver un fort jet d'air sur le tas, dans la direction de la lampe, au moyen d'un tuyau branché sur une canalisation d'air sous pression; un nuage volumineux passe au-dessus de la. flamme et s'étend à plusieurs mètres au delà ; quand la densité est convenable, l'inflammation a lieu et se propage jusqu'au bout du nuage poussiéreux. On obtient le même effet avec une lampe à arc ; celle qui a servi aux essais prenait au plus 20 ampères sous 40 à 50 volts. Enfin, avec les mêmes poussières et au moyen d'un injecteur spécial, on a soufflé un nuage poussiéreux par une buse conique de 0 m , 65 de diamètre à l'orifice. En approchant un chiffon imbibé de pétrole et enflammé, le nuage tout entier prend feu; si l'injecteur est bien réglé, on peut retirer le chiffon enflammé et le nuage poussiéreux continue à brûler, au sortir de la buse, comme fait un mélange de gaz d'éclairage et d'air, à l'orifice d'un bec Bunsen. L'histoire des accidents ou incidents attribuables aux poussières montre que des inflammations de ce genre peuvent survenir dans la pratique. On connaît plusieurs cas de flambées do poussières de houille qui se sont produites dans des triages, au voisinage de culbuteurs et au contact de lampes ou quinquets. Un cas plus particulier est celui de la mine Middleton en Angleterre où, le 2 septembre 1907, sous les yeux d'un ouvrier, un morceau de mèche tombant d'une lampe allumée a enflammé le nuage que soulevait un convoi de berlines en circulant à l'inverse d'un courant d'air, dans une galerie très poussiéreuse. Enfin, certains coups dépoussières localisés ont été attribués à l'inflammation, par une lampe à feu nu ou un arc électrique, du nuage soulevé par une dérive de berlines dans un plan incliné poussiéreux ; nous avons été amenés à rapporter à une cause initiale de ce genre l'explosion généralisée de Monongah. La probabilité qu'un coup de poussières prenne naissance