Annales des Mines (1908, série 10, volume 13) [Image 102]

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ALFRED POTIER

logie mathématique des problèmes de mouvement stationnaire de la chaleur et de distribution de l'électricité, sur l'utilité de la considération des lignes de force des champs électriques et magnétiques, etc. Les rapports de l'optique et de l'électricité ne laissèrent pas d'intéresser vivement Potier. Il a puissamment contribué à la diffusion en France des idées de Maxwell sur la théorie électromagnétique de la lumière. Les notes qu'il a ajoutées à la traduction du Traité d'électricité du savant anglais jettent sur l'ouvrage une grande clarté et en facilitent singulièrement la lecture. Pour expliquer le pouvoir rotatoire magnétique, Maxwell avait été obligé d'invoquer l'existence dans le milieu soumis au champ magnétique de tourbillons dont le mouvement doit se combiner avec le mouvement lumineux. Maxwell s'écartait ainsi de la théorie électromagnétique de la lumière qu'il avait créée lui-même. A la suite de Rowland, mais d'une manière plus satisfaisante, Potier chercha à concilier la théorie de la polarisation rotatoire magnétique avec la théorie électromagnétique de la lumière. Il imagine que des molécules du milieu transparent, aimantées parle champ et entraînées dans le mouvement de l'éther, produisent des forces électromotrices d'induction dont l'introduction dans les équations du champ magnétique suffit à expliquer le phénomène. Toutefois on préfère généralement aujourd'hui la théorie de H. -A. Lorentz, où des électrons remplacent les molécules aimantées. Cela s'accorde mieux avec l'ensemble des idées modernes sur l'électricité. Signalons, à propos du phénomène de la polarisation rotatoire, que Potier a procédé, avec la collaboration de Cornu, à une vérification précise de la loi de Verdetpour des directions du rayon lumineux voisines de la normale aux lignes de force. Potier s'est peu occupé de thermodynamique ; il ne

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s'en est guère servi que pour l'étude des propriétés des mélanges réfrigérants et pour montrer les rapports que pouvait présenter le principe du travail maximum de Berthelot avec le principe de Clausius. L'application qu'il fait de la thermodynamique à la théorie des forces électromotrices de contact présente des analogies avec ce qu'a publié depuis M. Duhem, mais avec des développements beaucoup plus considérables. On doit encore à Potier une démonstration du théorème de Clausius, que nous a conservée M. Pellat. Son intérêt réside surtout dans la distinction nettement marquée entre la température des corps et celle des sources, distinction qui forme la base des travaux de Robin et qui correspond aux deux modes d'irréversibilité intrinsèque et extrinsèque. C'est surtout à l'étude des questions théoriques ou pratiques concernant l'électricité que Potier s'était consacré depuis 1880. Et, quand nous disons théoriques, nous entendons parler de recherches expérimentales aussi bien que d'études d'un caractère plus mathématique. Car, bien qu'il ne fût pas un homme de laboratoire, Potier avait cependant un sens parfait des réalités et des difficultés que l'on peut rencontrer dans chaque expérience. Il s'est toujours montré excellent expérimentateur dans les divers essais qu'il a entrepris . Potier a procédé avec M. Pellat à une détermination très soignée de l'équivalent électrochimique de l'argent, pour lequel ils ont trouvé le chiffre de 1 m B , 1 1 9 2 . A l'occasion de cette étude, Potier a signalé une cause possible d'erreurs dans la mesure électroly tique des intensités. Il peut y avoir un dégagement de gaz concomitant du dépôt de métal à la surface de la cathode. Le poids de métal déposé n'est plus alors proportionnel aux quantités d'électricité. Cet effet se produit principalement lorsque le liquide ne mouille pas l'électrode, mais il peut apparaître