Annales des Mines (1908, série 10, volume 13) [Image 103]

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ALFRED POTIER

SA VIE, SES TRAVAUX

même dans le cas contraire (sel mercureux avec cathode de mercure). Le phénomène est accompagné de forces électromotrices de polarisation qui ne sont donc pas forcément nulles, contrairement à ce que l'on croyait, lorsque les électrodes sont du même métal que celui contenu dans le sel de l'électrolyte. Potier s'est particulièrement occupé d'améliorer les procédés de mesure des puissances des courants et a indiqué des méthodes applicables à des courants non sinusoïdaux. En répandant parmi les industriels et les constructeurs l'usage des mesures électriques, il a mis les praticiens à même de mieux connaître les causes des mauvais rendements des premières dynamos et d'y porter remède. Il rendit également de grands services en prenant la part la plus active aux travaux de la Commission réunie lors de l'Exposition d'électricité de 1881 pour fixer le système d'unités électriques. Potier fut chargé pendant l'Exposition, en compagnie de MM. Allard, Le Blanc, Joubert et T resca, de procéder à des essais sur les appareils exposés. Il est intéressant de se reporter aux résultats obtenus pour mesurer l'étendue des progrès faits depuis vingt-cinq ans par l'électrotechnique. Les accumulateurs n'avaient donné qu'un rendement de 60 p. 100; les dynamos présentaient des pertes par résistance intérieure de 10 à 33 p. 100, et les lampes à incandescence consommaient 6 watts environ par bougie. Les lampes à arc, avec le chiffre de 0 W ,7, se rapprochaient davantage des lampes actuelles. Les recherches sur les mesures nous amènent natuTellement à parler des applications industrielles de l'électricité, au développement desquelles Potier a si puissamment contribué. Non pas qu'il ait beaucoup publié à ce sujet; mais, par son action à la Société internationale des électriciens et au journal l'Eclairage électrique, par son cours à l'Ecole des Mines, plus encore par les conversa-

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lions particulières où il donnait avec la plus grande bienveillance des indications et des conseils à tous ceux, savants ou industriels, qui venaient le consulter, son influence s'est fait sentir d'une manière profonde, et, s'il est impossible de préciser quelle part lui revient dans les progrès accomplis depuis un quart de siècle, il est certain que cette part est considérable et que l'industrie électrique ne saurait trop rendre hommage à l'activité qu'il a déployée pour la faire progresser. Nous citerons, entre autres, parmi les questions dont Potier s'est occupé, son étude des moyens propres à empêcher l'électrolyse par les courants de retour des tramways, l'interprétation qu'il a donnée de faits en apparence paradoxaux observés par M. Picou concernant la réaction d'induit, l'explication d'expériences de M. Gorges sur la marche stable de moteurs d'induction à la vitesse moitié du synchronisme. Surtout c'est à Potier que l'on doit la première théorie algébrique complète des moteurs asynchrones. La théorie des moteurs d'induction est aujourd'hui bien connue, mais l'exposé qu'en a fait Potier au Congrès de Physique de 1900 est particulièrement instructif, et il y a grand profit à méditer tout son rapport consacré aux diverses propriétés et applications des courants polyphasés. La méthode proposée par Potier pour déterminer les effets de la réaction d'induit des alternateurs est une des meilleures et dont l'emploi conduit à une grande exactitude. Une étude de première approximation ne présente aucune difficulté. Il n'en est plus de même lorsque l'on veut serrer le problème de plus près pour se rapprocher des conditions de la pratique et tenir compte de la saturation du fer ainsi que des variations de la self-induction de l'induit, suivant ses positions relatives par rapport à l'inducteur. Grâce à une analyse très serrée des phénomènes, Potier est arrivé à les représenter par des formules assez