Annales des Mines (1908, série 10, volume 13) [Image 101]

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ALFRED POTIER

examinés à leur sortie du prisme avec la lunette du goniomètre. Si on déplace la double fente normalement à l'axe du collimateur, les franges restent fixes. Argentons complètement la face réfléchissante du prisme : le résultat est le même. Mais, si l'argenture n'est que partielle, le phénomène change : les franges restent fixes tant que les rayons issus des deux fentes se réfléchissent tous deux sur l'air ou sur l'argent, tandis que, si un rayon se réfléchit sur l'air et l'autre sur l'argent, il y a un déplacement des franges correspondant tant au défaut possible de concordance des plans de séparation optique entre le verre et l'air ou l'argent qu'à la réflexion métallique. Or, s'il y avait au point de vue optique une surface de séparation unique entre le verre et les différents milieux au contact, les courbes obtenues en portant comme coordonnées les angles d'incidence et les retards de phase correspondants devraient se superposer, tandis qu'il existe toujours une petite différence indiquant que les surfaces de séparation varient de quelques centièmes de longueur d'onde. Depuis 1872, date de ses premières recherches sur cette question, Potier est revenu sur sa théorie, qui, contrairement à celle de Cauchy, conduit à ce résultat que l'ellipticité de la lumière produite par réflexion vitreuse doit croître rapidement quand la longueur d'onde diminue. C'est ce que vérifièrent des expériences de Cornu faites en lumière ultra-violette. La théorie de Potier sur les couches de passage est adoptée aujourd'hui de préférence à celle de Cauchy. Potier a réussi à mesurer le retard de phase qui se produit dans la réflexion métallique d'une manière plus directe qu'on ne l'avait fait avant lui. Il a recours à un phénomène d'interférence comme dans l'expérience précédente, mais le prisme est remplacé par une lame de verre mince. En l'étudiant par réflexion au spectroscope,

SA VIE,

SES TRAVAUX

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on obtient un spectre cannelé et on examine les déplacements des cannelures que produisent une argenture partielle de la face postérieure de la lame ou son contact avec une solution absorbante de fuchsine. En même temps que ses premières recherches sur la réflexion vitreuse, Potier faisait connaître une importante simplification de calcul apportée à la théorie de Sarrau sur la périodicité des propriétés de l'éther. Le procédé employé par Potier pour l'intégration d'équations différentielles à coefficients périodiques peut trouver des applications dans d'autres questions; mais le but principal qu'il se proposait était de montrer comment les idées de Fresnel, complétées par celles de Briot et de Sarrau, conduisent à une explication satisfaisante de la dispersion. Notons encore, comme travaux sur l'optique, l'établissement d'une identité concernant le principe d'Huyghens, la part prise par Potier àla discussion de la célèbre expérience de Wiener et la démonstration pour des cas plus étendus du principe du retour des rayons, principe entrevu par Neumann et énoncé d'une manière plus générale par Cornu. En dehors de ses recherches personnelles, Potier s'est attaché à propager certaines théories peu connues en France ou qui, du moins, n'étaient pas passées dans l'enseignement. C'est ainsi qu'il a montré l'intérêt de la considération des ondes à la place des rayons pour traiter certains problèmes d'optique, qu'il a fait connaître le théorème de Veltmann et indiqué comment il explique l'impossibilité constatée par les expériences de M. Mascart de mettre en évidence le mouvement relatif de l'éther et du globe terrestre par des expériences où les sources et les appareils d'observation sont à la surface de la terre. Dans un autre ordre d'idées, Potier a insisté sur Pana-