Annales des Mines (1908, série 10, volume 13) [Image 100]

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ALFRED POTIER

neur en 1895. En 1891, il avait recueilli à l'Académie des Sciences la succession d'Edmond Becquerel. Cette récompense suprême était un juste hommage rendu par l'Institut au savant de génie dont nous allons maintenant rappeler les travaux. Dès sa sortie de l'Ecole des Mines, Potier s'était attaqué aux problèmes d'optique pour chercher à résoudre les difficultés que présentait encore la théorie de Fresnel. La première note qu'il publia, concernant la diffraction de la lumière polarisée, a pour but de montrer que certaines expériences de M. Holtzmann s'expliquent parfaitement sans introduire l'hypothèse d'ondes longitudinales évanescentes et en conservant simplement les idées du créateur des théories optiques. Cette même préoccupation de montrer l'inutilité de l'hypothèse que nous venons de rappeler a provoqué, de la part de Potier, un travail très important sur la réflexion vitreuse et métallique. Cauchy n'avait pu expliquer les phénomènes de la réflexion sans introduire cette hypothèse des vibrations longitudinales. Il était arrivé ainsi à des formules vérifiées par Jamin dans leur conséquence la plus saillante : production d'une polarisation elliptique par réflexion ou réfraction. Mais, une fois déterminées les valeurs d'une certaine constante dont dépend le phénomène au contact d'un corps donné et d'une série d'autres A, B, C, on devrait pouvoir calculer les phénomènes qui se produiront à la réflexion d'un rayon se propageant dans un des milieux A, B,..., sur un autre corps de la série. La vérification de cette seconde conséquence des théories de Cauchy, tentée par Jamin et plus tard par Quincke, fut loin d'être aussi satisfaisante. Il y avait là un point à éclaircir. Pour expliquer l'ellipticité des rayons réfléchis ou réfractés sans introduire l'hypothèse des vibrations longitudinales, Potier eut l'idée, simple et féconde, de tenir

SA VIE,

SES TRAVAUX

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compte de l'épaisseur de la couche de transition qui existe forcément dans la constitution de l'éther au passage d'une substance à une autre, épaisseur que l'on a l'habitude de négliger. Cela suffît pour retrouver l'ellipticité des rayons réfléchis, avec une expression de la différence de phase de forme identique à celle de Cauchy. Les premières expériences de Jamin vérifiaient donc tout aussi bien la théorie de Potier que celle de Cauchy. D'autres caractères permettent la discussion. En supposant le rayon polarisé dans le plan d'incidence, on trouve qu'il existe dans l'épaisseur de la couche de passage un plan qui peut être considéré comme la surface de séparation au point de vue optique, car les rayons incident, réfléchi et réfracté y sont concordants. Supposons que, le second milieu étant du verre, le premier milieu soit tantôt de l'air, tantôt de l'eau ou tout autre liquide. Il n'y a aucune raison pour que la surface de séparation optique ci-dessus définie reste fixe, même si le verre ne bouge pas. Si donc, en faisant l'expérience des anneaux de Newton entre deux lentilles immobiles, on substitue un liquide à l'air, l'épaisseur de la lame paraîtra variable, ce que la mesure des diamètres des anneaux permettra de constater. Potier a ainsi obtenu des variations atteignant le 1/20 de la longueur d'onde du sodium. U était utile d'examiner ce que donnaient les métaux, et Potier n'y a pas manqué. La réflexion métallique produit une ellipticité prononcée qui masque l'influence bien plus faible de la couche de passage. Cependant Potier a pu déceler son action, en particulier de la manière suivante. Des franges d'interférence sont obtenues au moyen d une double fente que traversent les rayons sortant du collimateur d'un goniomètre. Les rayons pénètrent à l'intérieur d'un prisme, se réfléchissent sur sa base et sont