Annales des Mines (1908, série 10, volume 13) [Image 88]

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REVUE DES ACCIDENTS D'APPAREILS A VAPEUR

REVUE DES ACCIDENTS D'APPAREILS A VAPEUR

occupe ; mais si, dans le cas présent, le diamètre (120 mm) n'était pas des plus considérables, le timbre (20 kg) était particulièrement élevé. D'autre part, les clauses et conditions de recette de ia Marine, telles qu'elles ont été fixées par la circulaire du 12 mars 1898, portent que le cuivre des tuyaux, ayant le diamètre et l'épaisseur de celui qui nous occupe, doit donner, sur éprouvettes de 100 min de longueur prélevées dans le sens perpendiculaire aux génératrices (et non recuites), 15 kg par mm 2 comme limite d'élasticité, 23,75 comme résistance à la rupture, 22 p. 100 comme allongement, une tolérance maximum de 1 kg par mm 2 pouvant être accordée sur la résistance pourvu qu'elle soit compensée par une augmentation d'allongement de 2 p. 100, et une tolérance de 2 p. 100 sur l'allongement pourvu qu'il y ait 1 kg par mm 2 de résistance en plus. Or on vient de voir que, lors des essais à froid effectués après l'accident, la limite d'élasticité et la résistance à la rupture ont été trouvées inférieures à ces spécifications ; quant à l'allongement, sur trois essais, on l'a trouvé deux fois supérieur à 22 p. 100, mais une fois il n'a été que de 15. Enfin il importe de dire que le tuyau était en cuivre électrolytique. Il n'a pas été possible de savoir au juste à quelle époque il avait été fabriqué ; peut-être se trouvait-il, sous le rapport du procédé de fabrication, dans le même cas que d'autres canalisations de vapeur en cuivre, qui ont précédemment conduit à un certain nombre de mécomptes. Nous n'insisterons pas davantage sur ce côté de la question. D'une manière générale, l'expérience a appris à se méfier de plus en plus de l'emploi du cuivre pour les tuyaux ayant à travailler à haute température, et actuellement, pour une canalisation de 120 mm destinée à recevoir de la vapeur à 20 kg, on jugerait nécessaire de

recourir à d'autres conditions générales d'installation, par exemple à l'emploi de tuyaux rectilignes en acier doux avec joints glissants. C'est ce qu'on a fait, à bord du paquebot dont il s'agit, à la suite de la catastrophe. Une autre rupture de partie couroée en cuivre électrolytique s'est produite le 1 er mars 1905, sur un paquebot traversant l'Atlantique. Les conséquences, pour n'avoir pas été aussi désastreuses que dans le cas précédent, ont cependant été graves : un mécanicien et un chauffeur ont été brûlés, le premier mortellement. Ce paquebot est pourvu de quatre chaudières à retour de flamme, fonctionnant à la pression de 12 kg. De chacune d'elles partait un tuyau de prise de vapeur en cuivre, de HO mm de diamètre intérieur et 5 mm d'épaisseur, aboutissant à une tubulure de jonction d'où un seul collecteur principal, en cuivre également, de ti'acé sensiblement rectiligne et d'une longueur de 7 m, conduisait la vapeur à la machine. Lors de la construction du navire, en 1899, les tuyaux allant des chaudières à la tubulure de jonction avaient des tracés médiocrement incurvés ; dans le premier voyage (mai à décembre 1899), on reconnut que les dilatations n'étaient pas suffisamment libres (il y eut une rupture de soupape de prise de vapeur) et, de retour au port d'armement, on remplaça ces premiers tuyaux par d'autres, en cuivre électrolytique, plus franchement courbes. En particulier, celui partant de la chaudière tribord Al dessinait d'abord une demi-circonférence de cercle, à la suite de laquelle venait une inflexion. Malgré le nouveau tracé, la bride d'amont se détériora et l'on dut renouveler cette partie en remplaçant le tuyau sur 76 cm de largeur. Puis, au cours du dernier voyage, un défaut d'étanchéité fut aperçu dans la partie aval du demi-cercle, en avant du point d'inflexion. Il se produisait là, d'après le