Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 240]

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LA CATASTROPHE DE CODRRIÈRES

affirmativement à cette double question, dans les termessuivants : « Le 31 mars, l'équipe Biaise, Simon, Pélabon trouve à l'accrochage de 303 du puits n° 3 quatre cadavres là où il n'y en avait qu'un seul le 10 mars. Surmont (Charles), employé de la Compagnie de Courrières, surveillant de la fosse n° 2, a fait une déposition analogue. Il a déclaré devant la commission avoir vu, après la sortie des treize « escapés » dans la voie de Julie, onze cadavres là où il n'y en avait pas le 10 mars. « Le 4 avril... dans la fosse n° 4... nous avons fait une exploration à l'accrochage 331, parcourant par la bowette du Midi les veines Joséphine, Sainte-Barbe en partie et Cécile. « Nous trouvons d'abord les cadavres de mineurs nus jusqu'à la ceinture et vraisemblablement surpris pendant le travail; mais plus loin, dans les veines Sainte-Barbe et Cécile, nous rencontrons des cadavres d'ouvriers qui s'étaient rhabillés ; dans Cécile, nous constatons que certaines buses d'aérage ont été bouchées, l'une par des vêtements placés en face, l'autre par un bouchon de charbon, une « stouppée ». Çà et là, nous trouvons des malettes, des boutelots, une boîte à œufs ouverte, et vides de leur ■contenu. Ce sont là des preuves évidentes que ces hommes ont lutté, ont tenté de se sauver, ont voulu, attendant du secours, empêcher le mauvais air d'arriver jusqu'à eux, se sont sustentés. « La découverte de nouveaux cadavres après la reprise des travaux de sauvetage là où il n'y en avait pas le 10 et le 11 mars, la sortie des « escapés », la situation des morts retrouvés par nous-mêmes, leurs tentatives de préservation prouvent absolument que des malheureux ont erré dans le dédale des fosses sans qu'on soit allé audevant d'eux depuis le 10 mars, jour de la catastrophe, jusqu'au 4 avril. »

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LA CATASTROPHE DE CODRRIERES

La majorité de la commission a le regret de constater que les faits relevés par MM. Cordier et Evrard dans la visite qu'ils ont jugé devoir faire isolément à la fosse 1 1, le 4 avril, ont été mal interprétés par eux et qu'un peu plus de circonspection leur eût évité une erreur de réelle importance. Le quartier qu'ils ont visité occupait, le 10 mars, huit ouvriers, savoir : dans Cécile 2 e branche à l'Est du recoupage, Sevin et Châtelain, aérés par des buses avecde l'air venantdu recoupage ; àl' avancement de ce dernier, Laurent et Lefèvre. aérés par une buse partant de la porte qui barrait le recoupage avant Sainte-Barbe ; dans Sainte-Barbe couchant, 2e branche, Delplanque, Danel, Broy et Lucas, aérés par une buse dont une dérivation allait à un front, tandis que la branche principale allait à l'autre. De ces huit ouvriers, deux, Delj lanque et Broy, se sont sauvés le 10 mars au soir, comme M. l'ingénieur Domézon l'a raconté à la commission dans sa déposition du 2 avril. Les dépositions signées de Delplanque et de Broy, recueillies par le service des mines les 1 7 et 19 mars, sont formelles : ce sont eux et leurs six camarades qui ont bouché les buses pour empêcher les fumées d'envahir leurs chantiers. Trois d'entre eux firent une première tentative pour s'échapper par le recoupage ; l'un d'eux périt dans cette tentative, et un second, Broy, faillit avoir le même sort. A huit heures et demie du soir, les sept survivants, sentant le mauvais air arriver jusqu'au front où ils s'étaient réfugiés, résolurent de cherchera passer coûte que coûte; trois tombèrent dans la voie même de Sainte-Barbe (2 e branche), où l'on a retrouvé leurs corps, deux dans le recoupage; Broy et Delplanque seuls parvinrent à l'accrochage ; ils ont affirmé depuis n'avoir entendu à aucun moment d'appels quelconques pouvant provenir d'autres survivants. Enfermés à leur chantier de cinq heures du matin à huit heures et demie du soir, il n'est pas étonnant que ces huit ouvriers se Tome XII, 1907.

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