Annales des Mines (1907, série 10, volume 12) [Image 239]

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5° Reprise, après le 30 mars, d'explorations étendues et multipliées qui avaient été abandonnées à partir du 11 mars. On a reproché aux ingénieurs de n'avoir pas tenté dès le début les explorations qui ont été effectuées depuis le 30 mars. Ce reproche tombe immédiatement, si l'on veut bien se rappeler quelques considérations qu'il nous suffira de résumer. Dans tous les sauvetages, et celui de Courrières l'a montré les 10 et 1 1 mars, il est des imprudences devant lesquelles le dévouement des sauveteurs ne recule pas, en présence de certains faits tels que la sortie de treize ouvriers, le 30 mars. Puis cette sortie elle-même avait montré que le feu du 3 n'était plus de nature à imposer les craintes que l'on était autorisé à avoir au début ; d'autre part, le feu de Joséphine se trouvait en. partie déjà maîtrisé ; enfin, si l'on a été assez heureux, jusqu'au 18 avril, pour ne pas avoir un nouvel accident, peut-être une nouvelle catastrophe, à déplorer, il faut s'en féliciter, sans oublier, après les exemples du passé que nous avons rappelés, que l'on ne peut reprocher à ceux qui ont la responsabilité de pareils travaux de n'avoir pas fait courir aux sauveteurs des dangers inadmissibles. MM. Cordier et Evrard se sont demandé à nouveau, à propos de ces explorations postérieures au 30 mars, et notamment à propos de celles qui ont été faites par la fosse 14, « si, dans ces descentes des 2, 3 et 4 avril, on ne se préoccupait pas exclusivement d'explorations en vue des travaux de réparation, sans souci de recherches vers des survivants possibles ». Devant de pareilles assertions et malgré le caractère trop évidemment tendancieux qui devrait peut-être les faire écarter sans discussion, la majorité de la commission a jugé nécessaire de rechercher avec précision en quoi avaient consisté les explorations des 2, 3 et 4 avril

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à la fosse 11, entreprises aussitôt qu'il a été possible après la sortie des treize survivants du 30 mars, par MM. LeprinceRinguet et Heurteau, ingénieurs de l'Etat; Bar, Petitjean,. Domézon, Bousquet, Storet, ingénieurs de la Compagnie,, et Dacheville, délégué à la sécurité des ouvriers mineurs. Elle constate que la seule présence de ce dernier fournirait, si celle des ingénieurs de l'Etat ne paraît plus offrir des garanties suffisantes, l'assurance que c'était bien pour rechercher des vivants, s'il en restait, que l'on s'aventurait, au mépris de dangers réels, au milieu de galeries éboulées, dans une atmosphère empoisonnée par les émanations cadavériques. Elle doit, en conséquence, protester avec énergie contre l'accusation dont MM. Cordier et Evrard n'ont pas craint d'assumer la responsabilité. Il est vrai que, le 4 avril au matin, le survivant Berthon était arrivé par ses propres moyens à la bowette de 331, par un bure venant de la veine Amé et par la voie de fond de Marie levant , à un moment où une équipe de boiseurs, placée le 3 avril, commençait à consolider le boisage de l'entrée de cette voie; la mine est si étendue et avait été si bouleversée par l'explosion que l'on ne peut s'étonner que les sauveteurs n'eussent pu encore, le 4 avril au matin, en explorer à fond tous les quartiers. L'exploration complète a coûté la vie d'un sauveteur le 18 avril ; elle n'a pu être achevée que le 30 avril. 6° Observations présentées au sujet des ouvriers qui ont pu périr dans la mine depuis la catastrophe . La commission a naturellement été amenée à rechercher, dans la mesure où il lui a été possible de le faire, si des ouvriers ont péri dans lamine après la catastrophe et si, dans le cas de l'affirmative, la mort de ces ouvriers peut être reprochée aux ingénieurs qui ont dirigé le sauvetage. MM. Cordier et Evrard n'ont pas hésité à répondre